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The Fairy Queen à la Cité de la Musique, les Arts désunis

Comprendre ou ne pas comprendre, telle est la question qui se pose à la sortie de cette nouvelle version du Fairy Queen de Purcell.

Lorsqu'il est représenté pour la première fois au Dorset Garden de Londres en 1692, The Fairy Queen est une production des plus abouties, tant d'un point de vue musical que dans sa mise en scène : il est le fruit des «arts réunis» et mêle à la dramaturgie inspirée du Songe d'une Nuit d'Eté de William Shakespeare, des épisodes musicaux développés, encore appelés masques, ainsi que des ballets. Mais le caractère hybride du semi-opéra peut mettre en péril l'efficacité de l'intrigue elle-même, au point qu'on a vite crié à l'absence de cohérence générale du genre. D'où l'idée de certains metteurs en scène de réécrire purement et simplement la pièce. Et s'il faut sacrifier une œuvre sur l'autel des sacro-saints désirs créatifs du metteur en scène, on oubliera Shakespeare, dont, me direz-vous, il ne restait déjà pas grand chose.

Le Fairy Queen «d'aujourd'hui» peut-il apporter quelque chose de plus au spectateur d'aujourd'hui? Rien n'est moins sûr… oublions les Titania, Obéron et autre Hermia. Pas d'intrigues amoureuses croisées, mais douze personnages partant pour l'Arcadie, expérience de laquelle ils sont sensés ressortir grandis…

Derrière les jongleries et autres acrobaties des artistes du Circus Space, le , en petit effectif, joue Purcell dans une musicalité très naturelle, mais le décalage entre les attitudes des personnages et les mots qu'ils prononcent ajoute une dose de cynisme qui renvoie The Fairy Queen à la poussière des musées. En fermant un peu les yeux, on apprécie pourtant la grande qualité de la distribution : la sensibilité et la clarté vocale de Faye Newton, la part sombre et le sens théâtral de , l'ex-poète ivre de la version de Purcell, devenu prêtre défroqué pour l'occasion. A mentionner également la très convaincante , notamment dans l'air « O let me weep ».

Ensembles instrumentaux et vocaux nous ont offert de grands moments musicaux, comme dans les airs de la Nuit, du Mystère et du Secret ou encore dans “love is a sweet passion”. Ce qui ne fait que souligner davantage que, par delà les pitreries qui prétendent éclairer l'homme d'aujourd'hui, la musique demeure et se passe bien des modes de mises en scène.

Crédits photographiques : © Julien Mignot / Cité de la musique

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