Alors que Bis est en passe de boucler une intégrale des concertos pour piano de Beethoven, sous les doigts de Ronald Brautigam, le label se lance dans une nouvelle somme avec cette fois, en tête d'affiche, le virtuose Yevgeny Sudbin. Tout oppose ces deux démarches avec d'un côté un pianiste qui scrute et titille les moindres recoins des partitions et de l'autre un prince du clavier au sens le plus noble du terme.
La vision du jeune homme, qui s'appuie sur une technique infaillible, donne à ces pièces un sens aristocratique et une perfection digitale de tous les instants. Cependant, ce que l'on gagne en confort d'écoute, on le perd en impact dramatique et idées interprétatives. Autant le concerto n°4 que le concerto n°5 sont irréprochables, mais il manque le petit plus qui fait passer de la perfection à l'émotion. Le commentateur attendait également plus d'un Osmo Vänskä somme toute assez prudent et sobre dans son accompagnement. Le chef semble se rassurer avec une prestation de grand luxe alors que l'auditeur aurait aimé, qu'en Beethovénien majeur, il pousse le virtuose dans ses derniers retranchements.
Voilà donc un produit techniquement parfait, léché dans ses moindres recoins et qui fera honneur à sa chaîne hi-fi, mais qui peinera à se faire entendre définitivement dans une discographie barrée par les plus hautes références.