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Wilhelm Furtwängler et le studio en temps de guerre

Alors que EMI Classics vient de ressortir une partie de son héritage Furtwängler en une belle boite de 20 CDs auxquels est joint un CD bonus de divers témoignages sur l'art de l'immense chef allemand, la Société Wilhelm Furtwängler française (SWF), dont nous avons à plusieurs reprises souligné et admiré l'excellente qualité sonore des productions, nous offre cette fois un disque de rares interprétations studio de Beethoven et Brahms, absentes de ce coffret EMI.

Si l'un des mérites de EMI est de rassembler dans son album, en de nouveaux et excellents transferts de 2010, les intégrales des symphonies de Beethoven et de Brahms, accompagnées de ce dernier des Variations sur un Thème de Joseph Haydn op. 56a, cette réalisation de la SWF en constitue l'idéal et digne complément : on sait en effet que les versions EMI studio «officielles» de la Symphonie n°6 «Pastorale» et des Variations sur un Thème de Haydn ont été enregistrées avec l' respectivement en novembre-décembre 1952 et en mars-avril 1949.

Ces versions ont occulté les gravures studio antérieures de ces deux œuvres en 78 tours, réalisées en décembre 1943 avec le même orchestre, et curieusement jamais publiées sous leur format original. Il fallut attendre 1986 pour que EMI les révèle finalement au public, sous forme d'un excellent microsillon Electrola (2906661) utilisant la remarquable technique «Direct Metal Mastering» (DMM®) de Teldec. Les voici enfin admirablement restaurées en CD par la SWF, surclassant aisément les tentatives de Preiser et Toshiba, et révélant les splendeurs inhérentes à ces gravures de temps de guerre.

Les nombreux témoignages sonores des concerts publics de Furtwängler durant la Guerre 40-45 ont toujours révélé cette urgence et cette tension formidables, inhérentes à cette époque de troubles et de dangers, que le chef pouvait insuffler à ses musiciens d'orchestre. Mais curieusement, les interprétations sous rubrique sont plutôt proches de celles plus sereines et olympiennes de ses années finales d'après-guerre, cela étant sans doute dû à son travail accompli en studio, et surtout au caractère particulier de la Symphonie Pastorale dont Philippe Leduc, le Président de la SWF, estime que «Nous avons certainement là la plus «pastorale» des Sixièmes Symphonies laissées par Furtwängler.»

Quoi qu'il en soit, il est toujours passionnant de comparer les deux enregistrements de chacune de ces œuvres, d'autant plus qu'ils sont accomplis par cette Rolls-Royce des orchestres qu'est le Philharmonique de Vienne. Et de constater que des artistes de la trempe de manquent si cruellement à notre époque…

Visitez le site de la Société Wilhelm Furtwängler

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