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Bach et Kei Koito, rencontre au sommet

Chaque nouveau disque de est une découverte. Cette artiste a le don de nous captiver par une approche personnelle des plus excitante : le choix de l'orgue tout d'abord scrupuleusement choisi pour mettre en valeur un programme mûrement réfléchi. Le Silbermann à trois claviers de la grande église catholique de Dresde reste l'un de ses plus beaux spécimen. Il fut sauvé du bombardement de février 1945, avec plus de chance que son jumeau de l'église protestante, anéanti à jamais. Restauré en plusieurs épisodes, cet orgue reste un témoin unique et authentique pour l'interprétation de Bach, qui joua d'ailleurs lui-même tous les instruments de Dresde.

On peut s'étonner de la présence de la Toccata en ré mineur, la célèbre, tant les versions abondent, mais nous tenons là une très belle vision, basée sur le « stylus fantasticus » baroque, où la rhétorique est toute devant, s'éloignant résolument des versions symphoniques, plus courantes chez nous. Le récital se poursuit avec quelques chorals célèbres, pour aboutir à cette merveilleuse Ouverture à la française BWV 831, pierre d'angle de ce programme. Initialement écrite pour le clavecin, elle prend ici une allure monumentale, à la manière d'un grand prélude et fugue. Le tempo est alerte, rigoureusement maitrisé, le toucher est d'une rare subtilité, l'articulation est juste, et fait mouche complètement. La tonalité passe de si mineur à ut mineur, afin de mieux faire sonner la pièce, et l'orgue du coup ! La suite du programme nous comble encore avec le choral du veilleur, et la fantaisie et fugue en sol mineur, autres monuments de la musique, où les mêmes qualités interprétatives se retrouvent. Une deuxième transcription vient s'insérer ici : la sinfonia de la cantate Actus tragicus revisitée par Alexandre Guilmant, grand découvreur du répertoire ancien. Une nouvelle fois nous sommes saisis par ces jeux de fonds de Gottfried Silbermann, souvent gambés, préfigurant déjà un certain romantisme. Le choix des registrations s'appuie en partie sur les suggestions mêmes de Silbermann, ayant laissé ici ou là quelques conseils judicieux, à la manière de Dom Bedos pour l'orgue français.

Il s'agit là du deuxième volume consacré à Bach paru sous le label Claves, à la suite d'une série plus ancienne éditée par Harmonic Records.

Le Bach de est lumineux. Elle sait nous faire ressentir toute l'énergie que renferme cette musique, grâce à une respiration, un souffle, un engagement que peu d'artistes sont capable de donner dans cette musique.

Nous attendons bien sûr la suite avec impatience.

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