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La Belle au Bois Dormant au TCE, sucrerie pétersbourgeoise

Ballet féerique à souhait, la Belle au Bois Dormant aurait pu être un écrin parfait pour la troupe du Ballet-Théâtre de Saint-Pétersbourg, qui se produisait cette année encore sur la scène du Théâtre des Champs-Élysées. Un choix qui s'est malheureusement avéré trop ambitieux, puisqu'il a laissé transparaître les limites techniques de la compagnie.

Le ballet, qui bénéficie d'une mise en scène soignée (un grand bravo en particulier à la costumière Galina Solovieva et à Simon Pastukh, en charge des décors), nous est présenté dans une version full-length, avec de charmants interludes inconnus du public français. L'ensemble procure un réel plaisir esthétique.

Cependant, la troupe, et plus particulièrement les demi-solistes, déroge aux critères d'excellence physiques et techniques qui caractérisent habituellement les grandes compagnies russes. Les fées (à l'exception notable de la délicieuse Asthik Ogannesyan) dansent d'une manière scolaire et peu hardie. Le rôle de l'Oiseau Bleu pâtit de l'interprétation anémiée et parfois hésitante de Dimitri Rudachenko. Le corps de ballet assure des ensembles corrects, mais sans éclat particulier.

Les artistes ont-ils souffert de l'étroitesse de la scène du Théâtre des Champs-Élysées, peu adaptée à un ballet tel que celui-ci ? Quelle que soit la réponse, il est dommage qu'un spectacle de longue haleine tel que La Belle repose sur ses seules étoiles. et semblent en effet porter sur leurs épaules le spectacle. Ils apportent le lustre et le piquant qui font défaut au reste de la troupe.

interprète le rôle du Prince Florimond. Son jeu, sobre et efficace, est servi par des muscles d'acier et un physique de jeune premier.

, danseuse longiligne au caractère bien trempé, est sans conteste l'héroïne de la soirée, dans tous les sens du terme. Certes, elle n'apparaît pas, à première vue, comme une Aurore évidente. Elle est trop femme, trop sûre d'elle-même, pour endosser le costume de cette petite princesse timide à peine sortie de l'enfance. Et pourtant, avec cet aplomb qui nous avait déjà séduit dans Don Quichotte et sa technique très sûre, Kolesnikova emporte l'adhésion, notamment lors d'un superbe Adage à la Rose.

Si la troupe du Ballet-Théâtre de Saint-Pétersbourg peine à convaincre complètement dans cette Belle, justifie à elle seule, comme toujours, le déplacement.

Crédit photographique : © K. T.

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