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La danse hispanique, théâtre de toutes les passions

Nous retrouvons avec plaisir le duo Vernet-Meckler, déjà remarqué dans plusieurs productions précédentes, et au service cette fois-ci de musiques d'essence hispanique, d'où ce titre prometteur de «Pasiòn», caractéristique de ce répertoire. Plusieurs compositeurs espagnols côtoient certains autres, qui furent inspirés par l'ibérie, dont , considéré de son vivant par certains collègues, comme l'un des plus grands compositeurs espagnols (sic), ses origines basques, ayant sans doute influencé ce penchant.

On se laisse prendre au jeu dès le début du disque avec une transcription du Boléro de Ravel, de la main même de l'auteur. Il nous faut un certain temps pour se rendre compte que nous entendons bien un orgue et non un orchestre, tant la similitude est trompeuse, et magnifiquement réalisée : peu à peu, l'orgue reprend ses droits pour nous conduire vers son célèbre crescendo et sa modulation finale. Les ombres et les lumières emplies de couleurs de la musique d'Isaac Albeniz font merveille sur la riche palette de l'orgue de Dudelange.

Ce dernier, récemment restauré présente en Europe l'un des témoins les plus significatifs de ce que l'on peut attendre d'un grand orgue du XXI° siècle, c'est-à-dire doté des derniers perfectionnements, notamment en matière de mise en mémoire des registrations, et aussi grâce à un arsenal de jeux dont le noyau remonte au début du XX° siècle. La restauration judicieuse de 2002 a gommé certaines interventions discutables survenues au cours de l'histoire de cet orgue, et a permis une modernisation redoutablement efficace.

La danse toujours présente, se retrouve avec , l'andalou, et nous prépare au grand saut sud-américain avec Piazzolla, le roi du tango, et son célèbre Libertango. Tout est là pour nous procurer de subtiles sensations, magnifiquement défendues par ce duo de choc : Du coup, nous découvrons en fin de récital une œuvre de Pierre Cholley, spécialement écrite pour l'orgue et les présents interprètes en 2008, sorte de fil conducteur résumant en quelque sorte ce style né de l'Ibérie populaire, jusqu'aux faubourgs de Buenos Aires. Ce récital est bien autre chose qu'une simple «espagnolade» sympathique, et Cédric Meckel nous entrainent en des terres inconnues à l'orgue, grâce à ce jeu de la transcription et un choix d'œuvres vraiment splendides, mais surtout grâce à leur maitrise et leur frénésie communicative.

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