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Peter Eötvös par l’Ensemble Linea, passionnant

Piloté par Peter Eötvös, cet enregistrement passionnant de l' se propose d'assembler un panel d'œuvres récentes du maître, non encore enregistrées pour la plupart. C'est donc à la contemplation d'une étape de la création de Eötvös que l'on est convié, et force est de constater que le compositeur y opère une véritable introspection, tant ces œuvres sont placées sous le signe de l'hommage à … et de l'autoportrait.

L'exemple le plus saisissant en est la Sonata per sei qui ouvre le programme, une sorte de prolongement personnel à la Sonate pour deux pianos et percussions de Bartók : aux pianos s'ajoute un sampler, qui apporte une touche de fantaisie par ces sonorités électroniques très pop, cependant qu'un troisième percussionniste est convié. Furieuse, très rythmée, il n'est pas rare d'entendre le long de cette œuvre des échos à la pièce de Bartók, cependant que le quatrième mouvement est une sorte de lamento poignant évoquant son exil aux Etats-Unis.

Après cette respectueuse révérence adressée au grand prédécesseur hongrois, Eötvös se penche sur Beckett, dont le texte d'un monologue radiophonique est repris dans Octet plus, et sur Tchékov, pour l'évocation d'un personnages des Trois Sœurs, que Eötvös a magistralement adapté pour l'opéra. Là, le compositeur se montre sous son jour le plus connu : en tant que musicien de théâtre. Il y fait indéniablement merveille, fondant la voix et les instruments dans un discours musical constamment renouvelé et d'un grand équilibre. L'art d' est mis à rude épreuve par ces deux pièces, mais cette interprète se fond admirablement dans l'absurde de Beckett ou la démence de Natasha.

Eötvös poursuit ses hommages avec deux pièces pour piano qui évoquent encore une fois Tchékov pour la première, et Berio pour la seconde : volontiers méditatives, ces œuvres ne sont pas à la hauteur de ce qui a précédé, et forment une sorte de trou d'air au centre du programme, à l'image de ce Erdenklavier-Himmelklavier, qui joue de façon très conventionnelle de l'opposition entre les registres extrêmes, dans une symbolique plus que transparente et éculée.

Après les hommages, l'introspection et l'autoréférence avec Psy, réduction miniature d'un concerto pour cymbalum, et Cadenza, un extrait de Shadows, qui est une véritable tribune pour l'art de . Le compositeur s'y livre tel que lui-même et pour le meilleur, c'est-à-dire passionnant, tour à tour lyrique, mystérieux ou plein d'humour.

En dépit de quelques errements, il faut convenir de la qualité indéniable de cet enregistrement, de par la grande tenue des œuvres et l'engagement irréprochable des interprètes, menés de main de maître par .

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