- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Première mondiale de Claude Le Jeune

Figure majeure de la Réforme dans les pays de langue française, Calvin (cité par Isabelle His dans le livret du disque) note : « À tous chrestiens et amateurs de la parole de Dieu que, par quoi quand nous aurons bien circui partout pour chercher ça et là, nous ne trouverons meilleure chanson, ni plus propre pour le faire, que les Psaumes de David, lesquels le Sain-Esprit lui a dictés et faits ». L'année de la mort de ce dernier en 1564, publie justement à Paris Dix pseaumes de David, tirés des cent cinquante psaumes traduits à cette époque en français par Clément Marot et Théodore de Bèze. Dans une démarche que l'on pourrait considérer comme œcuménique, Le Jeune composera également par la suite des pièces en latin pour la liturgie catholique (Missa ad placitum, Magnificat, motets…), mais aussi des œuvres profanes. Après Paschal de l'Estocart (Ramée, 2007), autre compositeur protestant dans cette France des guerres de religion, Ludus Modalis aborde donc ces psaumes de Le Jeune jamais enregistrés à ce jour. L'ensemble vocal du ténor (ici deux sopranos, un alto, deux ténors et deux basses), interprète ces pièces à un ou deux par partie, soutenu très discrètement par l'orgue ou le clavecin de Yannick Varlet (sauf dans le Psaume 88, a cappella). On admire le soin porté au texte, en prononciation restituée, de ces psaumes qui expriment tour à tour la supplication, l'affliction, la pénitence mais aussi la louange, l'espoir, la confiance en Dieu. Le raffinement et la lisibilité de la polyphonie, l'équilibre entre les pupitres, les qualités expressives, appellent également des compliments dans un répertoire pointu qui peut paraître austère et abstrait.

Une réalisation et une parution de premier plan recommandée à tous les amateurs de musique vocale de la Renaissance.

(Visited 115 times, 1 visits today)