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Andris Nelsons, la symphonie du démiurge !

Le jeune chef letton continue sa relecture des grands classiques du répertoire avec une galette Tchaikovsky qui frappe un grand coup. La partie n'était pas gagnée, car le premier disque du musicien avec son orchestre anglais, consacré à la symphonie n°5 du même Tchaikovsky était assez décevant. Mais le charisme du chef et sa totale entente avec l'orchestre emportent ces passions orchestrales dans un tourbillon tempétueux.

L'ouverture Roméo et Juliette commence assez prudemment, mais de manière équilibrée avant de se chauffer et de véritablement emporter tout sur son passage avec des dernières minutes ébouriffantes. La force du Tchaïkovski de Nelsons, qu'il explique de manière intelligente dans l'intéressante notice de présentation, réside dans un mélange de nerfs avec ce qu'il faut de muscles. C'est à dire que fuyant le pathos et les effets dramatiques faciles, le chef fonce tête baissée mais parvient à faire sonner la machine orchestrale avec efficacité et virtuosité, évitant le pêcher de la sécheresse qui pourrait menacer son approche. A l'exception de Gergiev (Philips), on ne voit pas quel autre disque récent, peut rivaliser avec cette lecture.

Le bonheur continue dans la «pathétique», véritable rouleau compresseur orchestral, mis en scène par un démiurge. Tous les mouvements sont cernés avec une confondante justesse des houles du premiers mouvements aux braises émotionnelles de l'adagio final. On aime également beaucoup les dosages instrumentaux délicats, idéalement gracieux, de «l'Allegro con grazia» du second mouvement. L'orchestre de Birmingham sonne avec une belle plastique sonore et des pupitres irréprochables !

Il s'agit donc avec les disques de Gergiev (Philips) et Jurowski (LPO) de le meilleure lecture des années 2000 de cette «pathétique».

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