Pour la première fois au Théâtre de la Ville, la compagnie allemande Neuer Tanz et son créateur VA Wölfl dynamitent les codes du spectacle vivant.
« Ich sah : Das Lamm auf dem Berg Zion, Offb. 14, 1 », dont le titre est extrait de l'Apocalypse, est davantage une expérience plasticienne qu'un spectacle chorégraphique. De la danse, oui, il y en a – de technique classique – mais là n'est pas l'essentiel ! Mélodies de Purcell ou house teutonne, lumières aveuglantes ou halo ténu du chalumeau, ballet de cyprès érigés au milieu du public – le cocktail est explosif et totalement délirant.
Mais devant cet OVNI la curiosité pousse à demeurer assise jusqu'au bout sur son siège. Dans la salle, on tousse, on éructe, on s'agite, certains dansent même ! « We are not boring because we are fashionable » (nous ne sommes pas ennuyeux car nous sommes à la mode) affirme à plusieurs reprises l'artiste lui-même, vêtu comme ses partenaires d'un veston, d'une cravate et d'un tutu de tulle noire. Entre armes à feu, échelles en aluminium et ballet de cygnes noirs, l'univers étrange de ce plasticien venu sur le tard à la chorégraphie prend les spectateurs à rebrousse-poil. Malgré sa séduisante esthétique glacée, ses échappées lyriques, ses costumes tendances Mad Men, on reste nous aussi un peu au bord du chemin de ce nouvel opus de Neuer Tanz.
Crédit photographique : © VA Wölfl