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Concert des lauréats 2011 de la Fondation d’entreprise Banque Populaire

Il vous est arrivé d’aller à un concert, de vous y asseoir et d’être immédiatement comblé par les artistes que vous écoutiez pour la première fois, sans rien savoir d’eux. Le temps paraît suspendu et l’émotion en reste gravée dans la mémoire, durablement. Rares moments offerts par ces jeunes musiciens, un soir de printemps, servis qu’ils furent par l’acoustique et le charme du lieu.

Ils sont tous les trois des lauréats récents de la Fondation d’entreprise Banque populaire. Munis de prix nombreux, ils ont chacun une solide expérience de solistes, de musiciens de chambre et de membres d’orchestres prestigieux : Virginie Reibel, ancienne élève du CNR de Lyon puis du CNSM de Paris, a été piccolo solo de l’Orchestre de Paris puis de l’Orchestre Philharmonique de Berlin, et est actuellement soliste de l’Orchestre de l’Opéra de Valence ; elle est lauréate de la Fondation Cziffra. L’altiste Jérémie Pasquier, ancien élève du CNSM de Paris, membre du trio Jacob, fait partie de l’Orchestre Philharmonique de Radio France. Quant à Anneleen Lenaerts, d’origine belge, elle fut la révélation du Concours Lily Laskine, en 2005, avec un prix spécial pour son interprétation de la pièce de Karol Beffa, et, en 2009, elle remporta le fameux Concours de Munich. Elle vient d’être nommée, en décembre 2010, à 23 ans, notez bien, harpiste solo de l’Orchestre Philharmonique de Vienne. La maturité artistique de ces jeunes musiciens ne peut qu’étonner. Se découvrant eux-mêmes les uns les autres à l’occasion de cette prestation, ils surent associer d’emblée, avec une écoute réciproque exemplaire, le plus juste équilibre entre les volumes sonores et un art des pianissimi à vous couper le souffle.

La Sonatine de Ravel, dans une transcription, non du compositeur, pour une fois, mais du grand harpiste de l’époque, Carlos Salzado, enchante comme un «jardin féerique» qui ouvre en secret ses portes sur de calmes eaux parmi les fleurs, avec un nuancier de couleurs dont le piano, dans la version originale, ne peut autant suggérer le pouvoir d’émerveillement ( paroles sacrilèges assumées). De même, dans la transcription de Hans Trnececk), La Moldau, sous les doigts de velours de la harpiste projetant des sons larges et chauds (bel instrument Camacc) fait vivre le fleuve plus que la version orchestrale ; fluides, les notes ruissellent, joyeuses et miroitantes, dessinant un paysage mouvementé. Autre sommet, la sonate de Debussy, où la harpe et la flûte furent accompagnées délicatement par l’alto. Virginie Reibel lance ses mélodies avec un sens superbe des lignes, un son puissant mais une sa pureté absolue allié à une parfaite exactitude rythmique. Comme chez Ravel, le regard est tout intérieur, sage et méditatif. Les sons des instruments s’allient dans une beauté propice au rêve que Debussy suggère. Et nous rêvons, heureux, sereins, devant deux grandes marines de Théodore Gubin qui semblent porter la musique sur les vagues dorées de la mer au couchant. Un dernier pianissimo, et c’est déjà fini.

On aimerait que de tels artistes, comme en repère la Fondation Banque Populaire, (pensons aux pianistes N. Kudritskaya et A. Laloum), se fassent entendre le plus souvent possible.

Crédit photographique : © MnM-Photo Sébastien Dondain

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