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Une version épurée des amants de Vérone par Joëlle Bouvier

Roméo et Juliette

Réinterprétation contemporaine signée pour le de l'histoire d'amour éternelle des amants de Vérone.

Alors que Thierry Malandain vient de proposer sa relecture de Roméo et Juliette à Massy et que l'Opéra de Paris s'apprête à accueillir la version de Noureev, le se produit à Chaillot dans une réinterprétation contemporaine signée . Célébrée à la fin des années 80 pour son style lyrique et incandescent, la chorégraphe française a écrit plusieurs pièces pour des compagnies de répertoire, comme le Ballet de Lorraine. Elle fait ici la preuve de son sens de l'ellipse et de la concision, traduisant en quelques tableaux les scènes clés de l'histoire d'amour impossible entre Roméo Montaigu et Juliette Capulet, imaginée par Shakespeare.

Dès l'ouverture, resserrée autour du couple formé par Roméo et Juliette, littéralement portés et séparés l'un de l'autre par leurs clans respectifs, ne fait pas mystère de son intention : épurer le propos tout en déconstruisant le récit. Pas de mariage secret, ni de moine entremetteur, ni de Prince bannisseur dans cette version ! Ce parti-pris ôte dans un premier temps toute progression dramatique, et de ce fait, toute émotion – d'où un certain ennui. Ajoutez à cela une chorégraphie dont le vocabulaire gestuel, redondant, use des portés, des tours, des ports de bras amples, sans proposer d'écriture complexe. Malgré leur magnifique engagement, la passion dans laquelle ils se fondent, on sent que les danseurs du ont beaucoup plus à dire avec leur corps que ce que leur propose Joëlle Bouvier. Le résultat est cependant harmonieux et fluide, mais parfois fade, avec de nombreuses répétitions de séquences.

Du côté des interprètes, signalons les rôles dramatiques de Tybalt (Loris Bonani) et de Mercutio (Nathanaël Marie), qui pimentent l'action en s'affrontant. Ils sont plus convaincants que le couple un peu plat formé par Madeline Wong et Damiano Artale. Les danseurs sont servis par une belle scénographie, une rampe courbée en pente douce capable de figurer tous les lieux de la ville de Vérone. Soulignées par la création lumières de Rémi Nicolas, les scènes d'ensemble sont cependant particulièrement réussies, formant un écrin alternativement hostile ou accueillant à l'idylle qui se noue et s'achève tragiquement. L'occasion d'admirer un superbe corps de ballet au talent méconnu.

Crédit photographique : photo © GTG/Magali Dougados

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