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Prokofiev symphonique par Vladimir Ashkenazy

Le label japonais hifiste Exton investit massivement dans des grosses productions, même si une infime partie de leurs publications nous arrive régulièrement. Si le tandem formé par le chef Manfred Honeck et son orchestre de Pittsburgh, capté dans des symphonies de Mahler, est digne d’éloges et justement salué par les commentateurs, le reste des sorties de ce label peine à s’imposer, dans des contextes discographiques archi-barrés par les grandes références !

Ainsi, l’orchestre de Sydney, que l’on ne connaît pas pour ses activités discographiques, est au cœur d’une vaste série d’enregistrements Exton dans : Elgar, Mahler, Rachmaninov et Prokofiev. Deux volumes symphoniques Prokofiev nous arrivent simultanément. Le premier est consacré aux symphonies n°1 et n°5, que le chef avait déjà gravé de manière fort peu convaincante avec le LSO (symphonie n°1) et avec le Concertgebouw d’Amsterdam (symphonie n°5) pour Decca. Cette nouvelle gravure vaut surtout le détour pour une symphonie n°5 bien charpentée, vrombrissante et techniquement au point. La battue du chef additionne ce qu’il faut de spectaculaire, d’effets, mais aussi de sens des nuances et des couleurs. L’orchestre est affûté à défaut de s’avérer très personnel. La symphonie classique est moins bien venue, peu caractérisée et avec un orchestre en roue libre. Le chef ne parvient pas à trouver le ton juste entre respect des formes et exercice de style. Dans la symphonie n°5, cette lecture fait jeu égal avec les lectures luxueuses des années numériques : Tilson-Thomas (Sony), Maazel (Decca), Ozawa (DGG), Jarvi (Chandos). La symphonie n°1, quant à elle, se perd dans le ventre mou de la discographie.

Le second volume vaut le détour pour la suite de l’Amour des trois oranges. L’orchestre démoniaque pétarade sous une battue énergique et virtuose qui transforme les mouvements en concours de feux d’artifices. On redescend sur terre, hélas, avec un Lieutenant Kijé très sage et orchestralement atone. Le Vilain petit canard, très rare au disque, est un complément bien venu mais qui ne rachète pas un disque inégal et surtout avare en minutage : même pas 50 minutes.

Donc, si l’on veut épater ses amis avec ses enceintes dernier cri, on peut casser sa tirelire et acheter ces galettes. Mais, l’essentiel des mélomanes se contentera d’autres références, plus entièrement convaincantes.

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