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Découverte d’un organiste compositeur injustement oublié

Le chic des éditions Hortus (entre autres), est de pointer le doigt sur des compositeurs oubliés, et les révéler pour mieux nous en faire comprendre l'importance. C'est bien le cas ici avec ce disque, consacré à , le chanoine Fauchard, organiste provincial, originaire de Laval (Mayenne), et qui par une heureuse providence, et aussi un talent très affirmé, deviendra, par l'intermédiaire de Widor, l'élève de Louis Vierne. Ce qui nous est proposé ici est l'une des ses œuvres pour orgue des plus importantes, la symphonie n° 4 dite Symphonie eucharistique. Elle est bâtie en quatre mouvements (Invitatoire, Sacrifice, Communion, Procession), et constitue aux dires même de l'auteur, un «traité de l'eucharistie». Cette musique inspirée s'abreuve à quelques sources familières : Vierne, Dupré… mais on y ressent cependant une âme particulière, un langage nouveau que l'on retrouvera plus tard chez d'autres disciples, comme Jean-Jacques Grünenwald. Après une création en Novembre 1944 en la cathédrale de Laval par l'auteur, titulaire de l'orgue, il présente à nouveau cette symphonie en janvier 1945 à Notre-Dame de Paris. C'est bien sûr ce genre d'instrument qui convient à cette œuvre grandiose, à l'instar des grandes fresques de ses maitres.

Pour cette raison, nous retrouvons avec bonheur l'orgue de Saint-Sulpice, toujours généreusement prêté par son titulaire Daniel Roth. Cet orgue de Cavaillé-Coll est idéal pour traduire cette musique reposant essentiellement sur des thèmes grégoriens bien connus : Pange Lingua, Adoro te, ou Lauda Sion. , jeune organiste, bardé de récompenses bien méritées, organiste à Laval, tout comme le chanoine Fauchard, se montre ici l'ambassadeur parfait d'une musique exigeante et raffinée. On l'aura compris, la connaissance de cette musique est indispensable pour qui veut connaître les secrets des grands organistes de province, et dont le talent n'a pas à rougir de celui de collègues parisiens, mais qui n'ont hélas pas connu les feux de la rampe.

Le disque se termine par le discours de remise de la légion d'honneur à en juin 1953, et prononcé par Marcel Dupré : un véritable moment d'anthologie où le maître nous explique son trac à parler en cette circonstance, en insistant sur la chose à plusieurs reprises ! Etonnant pour un homme dont on reconnaissait volontiers des nerfs d'acier, mais finalement fragile, comme tout grand artiste, rassurant quelque part…

Signalons enfin l'excellent travail de l'association Boëllmann-Gigout qui œuvre pour la connaissance de ces hommes qui ont fait l'orgue symphonique, et pas toujours les plus joués. Les documents et textes concernant sont à cet égard du plus haut intérêt.

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