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Deux violons face à Don Quichotte

Le Philharmonique de Rotterdam est comme chez lui en Belgique et reste un invité privilégié du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Le concert de ce vendredi marquait l'entente entre la Belgique et son voisin néerlandais, par la présence des deux jeunes étoiles du violon belge : et , deux lauréats du Concours Reine Elisabeth. Les nombreux fans clubs des deux virtuoses étaient venus en masse occuper les travées de la salle bruxelloise.

Le programme débute par l'instrumentation de la Fugue à six voix de Bach par . Le chef trouve d'emblée le ton juste : il fait ressortir à la fois l'esprit de Bach et la marque de Webern avec ce qu'il faut de précision analytique mais aussi de sens de la respiration.

Le Concerto pour deux violons de Bach offre aux jeunes archers belges l'opportunité de valoriser leur entente et leur musicalité. L'orchestre, allégé et bondissant, permet aux deux solistes et à l'orchestre de faire de cette partition un vrai concerto où personne ne tire la couverture sur lui. Les musiciens ne cherchent pas à «faire baroque pour faire baroque» mais l'interprétation est placée sous le signe d'une évidence à la fois hautement musicale, classique mais avec ce qu'il faut de vivacité contemporaine. Devant l'enthousiasme du public, tout ce beau monde, rejoue «l'allegro» final.

Don Quichotte n'est pas le poème symphonique de le plus usuellement programmé, ni le plus populaire. Moins foncièrement démonstratif et moins volontairement opulent que d'autres, cette partition reste une gageure pour le chef, qui doit unifier une série de variations parfois très courtes, et pour l'orchestre qui doit affronter une série de difficultés techniques. Du côté du violoncelle et de l'alto solistes, ces parties, sont plus musicales qu'exubérantes et elles doivent s'équilibrer avec l'orchestre. et ses musiciens ont brillamment honoré ce redoutable cahier des charges. La direction du chef parvient à unifier les épisodes et à leur apporter un souffle épique mais aussi ironique et grinçant. Cette direction fait piaffer des pupitres gouailleurs et redoutablement précis et affûtés tandis l'homogénéité des cordes et la virtuosité des vents et des cuivres font très forte impression. L'altiste Anne Huser et le violoncelliste Floris Mijnders, solistes de l'orchestre, s'immiscent dans cette sorte de symphonie concertante avec sens de la narration, des nuances. C'était incontestablement une très grande interprétation de ce Don Quichotte que l'on espère retrouver un jour au disque…

Crédit photographique : © Pierre Dury

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