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Anne Frank, un symbole en musique

«Je vais pouvoir, j'espère, te confier toutes sortes de choses, comme je n'ai encore pu le faire à personne, et j'espère que tu me seras d'un grand soutien.»

Anne Franck a tenu son journal du 12 juin 1942 au 1er août 1944. «Je l'appellerais Kitty, ce journal sera ma meilleure amie». Anne Franck, c'est cette petite fille juive qui fut obligée, avec sa famille, de se cacher à Amsterdam durant la Seconde Guerre mondiale, afin d'éviter la Shoah. La cachette fut finalement découverte par les nazis, et tous ses habitants furent déportés à Bergen-Belsen. Seul , le père d'Anne, reviendra vivant des camps de la mort.

Ces deux années où la fillette vécut cloîtrée dans l'Annexe – un appartement secret aménagé dans l'ancienne entreprise de son père –, a décidé de les mettre en scène. Mais aussi en musique. Anne Franck en héroïne de comédie musicale ? Un projet qui aurait pu faire grincer des dents. Mais le spectacle possède une justesse qui prévient toute dénaturation de l'œuvre. L'écueil du pathos et du sentimentalisme est habilement évité. Bien au contraire, le spectacle porte en lui une bonne dose d'optimisme, malgré le tragique du sujet.

Ce quotidien d'une famille emmurée est conté avec inventivité et tendresse : leçons d'anglais, jeux, flirts et disputes scandent les heures, les jours, les mois et les années. On sent le temps qui s'étiole, lourd, pesant et déprimant. Alors, l'arrivée des magazines de cinéma – qui faisaient tant rêver la petite Anne – constitue une éclaircie qui donne envie d'espérer. Un rayon de soleil se profile par une lucarne et apporte lui aussi une embellie dans le cœur des habitants de l'Annexe.

Les stéréotypes antisémites sont montrés du doigt : «Il paraît qu'on nous reconnaît à la longueur du nez». L'approche peut parfois paraître simpliste, mais elle a le mérite de rendre accessible à tous cette page de l'Histoire.

La réactualisation de l'histoire passe par le chant d'un rappeur et d'un slameur, qui interviennent lors des moments-clés de la vie d'Anne. Piano et violon accompagnent le spectacle. On aime l'idée judicieuse de la chorale (composée de 60 choristes) placée au balcon. Les chants allemands glacent l'atmosphère et nous ramènent à la sombre réalité parfois occultée par l'aspect musical du spectacle.

Mention spéciale à , qui campe une héroïne au caractère bien trempé. Cette jeune comédienne de 26 ans interprète cette adolescente tout à la fois ordinaire et mythique. Son jeu, moderne et spontané, la rend crédible dans le rôle et permet une identification immédiate du jeune public.

Anne le musical est une leçon contre l'oubli et contre l'inertie face à l'innommable. Car «personne ne voulait croire, mais tout le monde savait.»

«We are», scande Anne durant la leçon d'anglais que lui donne son père. Anne Franck ou la fureur de vivre. Envers et contre tout.

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