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Cello Duello, duo de violoncelles

Du fait de la formation originale du Cello Duello, la majorité des œuvres présentées sur cet enregistrement sont des arrangements. Le résultat est mitigé, entre réussites et propositions plus hasardeuses.

Au nombre des arrangements, la Passacaglia de Haendel est réussie, mais les prouesses techniques et le jeu délicat (superbe échange de gammes) des deux interprètes ne parviennent pas à sauver la forme, qui s'essouffle au bout d'un moment.

La Fantaisie sur un thème du Moïse de Rossini, au contraire, est brillamment adaptée et permet aux deux violoncellistes de faire montre de leur virtuosité. Tout y est, dans un discours qui respire idéalement. Voilà une bonne manière de conclure un récital. Las ! On a encore réservé une surprise.

Cette surprise, c'est la pièce adaptée de la musique de Morricone pour Il était une fois dans l'Ouest, qui révèle la limite de l'exercice, alors même qu'elle est la plus exigeante pour les interprètes, qui se dédoublent par deux fois pour superposer les six parties réelles. Incapables en effet de rendre compte du timbre équivoque de l'harmonica, qui possède de nombreuses harmoniques, ou de la guitare électrique, les deux violoncellistes se complaisent en double-cordes discordantes à la Penderecki qui épuisent l'oreille. Cette transcription se retrouve, au final, orpheline de l'émotion et de l'ambiguïté de l'original.

Ce constat mitigé s'applique de même aux pièces du répertoire; le Haydn se révèle d'une grande légèreté, il passe comme un entremet dont on se régale en attendant quelque chose de plus consistant. La Sonate de Barrière est quant à elle d'une galanterie sucrée sans grande consistance, mais avec quelques beaux moments dans l'Adagio central, rendu avec beaucoup de finesse.

La Sonate de , dédiée au Cello Duo et unique représentante de la musique de notre temps dans cet enregistrement (mis à part la pièce de Morricone), ne se laisse pas approcher facilement. D'une grande variété, tant le compositeur s'attache à explorer l'éventail des modes de jeu de l'instrument, rendu avec soin par les deux interprètes, cette œuvre se révèle au moins autant exigeante pour l'auditeur que pour les instrumentistes.

Le Duo d'Offenbach nous montre ce compositeur dans un registre et surtout dans un ton qu'on ne lui connaissait pas, et c'est une bonne surprise, tant il fait montre d'un grand souci d'équilibre entre les deux instruments, qui se renvoient des mélodies belcantistes très développées. L'intérêt de l'œuvre se concentre dans son premier mouvement, très développé, cependant que le mouvement lent est une bluette sympathique et le final au ton plus populaire une manière de conclure sans trop forcer. Le tout avance sans anicroche, et c'est avec un plaisir évident que les deux interprètes ravivent cette curiosité.

En résumé, cet enregistrement du Cello Duello se partage entre bonnes (voire très bonnes) choses et programme plus hasardeux.

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