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Le dernier concert de Dimitri Mitropoulos

D'entrée, l'oreille et le psychisme saisissent l'essentiel. , le 31 octobre 1960, trois jours avant sa mort, dirige la Symphonie n° 3 de à la tête d'une formation qu'il a déjà rencontrée à plusieurs reprises, l'Orchestre symphonique de la Radio de Cologne. Il livre un témoignage unique et un testament impérissable comme le prouve magistralement cette interprétation incandescente, habitée, fondamentale. Qu'importe si la qualité sonore s'avère légèrement en deçà des captations modernes, tel quel le message envahit pleinement l'auditeur d'aujourd'hui, le comble d'aise et lui prouve combien le chef américain de naissance grecque (1896-1960) lisait Mahler avec virtuosité et pénétration. Les tempos justes et soutenus, les crescendos puissants et persuasifs, l'harmonie consistante et décidée viennent dessiner et renforcer le discours lui-même embelli par une grande intelligence de la symphonie mahlérienne en ré mineur composée au cours des années 1893-1896 et dirigée en création mondiale par le maître autrichien à Krefeld(Allemagne) le 9 juin 1902.

La Mer de Debussy provient du concert du 24 octobre 1960 sous la baguette du chef sexagénaire. Cette partition créée à Paris aux Concerts Lamoureux sous la direction de Camille Chevillard le 15 octobre 1905, trois ans après la Troisième Symphonie de Mahler, dévoile un monde fort différent, voire antinomique. Cette quasi-symphonie se dispense de tout lyrisme post-romantique et de toute concentration et redites thématiques traditionnelles, surannées pour certains. Elle emprunte donc des voies bien distinctes de celles pratiquées par Mahler et nous dresse un autre monde fascinant lui aussi. Le chef et son orchestre cisèlent leur partition dans le respect et l'authenticité, l'intensité et la singularité, mais sans encaquement ni sténose stylistique ou interprétative. Une donation inestimable à destination des mélomanes de notre temps

Il faut noter que, contrairement à ce qui est indiqué par l'éditeur, ce concert n'est pas une première au disque. La Symphonie n°3 avait déjà été éditée par le label italien Arkadia mais dans des conditions techniques et éditoriales bien inférieures.

 

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