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Musique française pour flûte avec Juliette Hurel

L'originalité de cet enregistrement réside principalement dans le choix des miniatures de Fauré, composées en majeure partie pour les élèves du conservatoire, et dont on pouvait craindre qu'elles soient moins séduisantes et recherchées que ses autres oeuvres. Il est vrai que la série d'arpèges qui forme le Morceau de concours ne soulève pas les foules ; c'est heureusement une exception, et l'on se laisse prendre au charme discret de la Pièce, de la célèbre Sicilienne, sans oublier la Fantaisie, un peu trop démonstrative dans sa seconde partie, mais qui permet à et de faire montre de leur complicité, pour le plus grand bonheur de l'auditeur.

Le reste du programme nous propose les deux sonates de Poulenc et Debussy, répertoire canonique s'il en est, dont l'audition est néanmoins toujours autant plaisante. Le thème introductif de la Sonate de Poulenc fait partie de ces mélodies qui rentrent comme par effraction dans l'inconscient et dont on n'arrive plus à se débarrasser. Les tentations sont donc nombreuses pour ne pas l'écouter, ce qui serait un crime dans le cas présent, tant le raffinement du jeu et la pureté du son de nous ravissent. L'on en vient même à préférer au premier mouvement la Cantilena suivante, rendue avec une telle retenue dans l'émotion qu'elle ferait pleurer les pierres. Le final conclue.

Pendant on ne peut plus logique donc, la Sonate de Debussy déploie ses arabesques sans forcer, et s'écoute comme on regarde la fumée d'une cigarette s'échapper en volutes bleues, n'était parfois l'alto pour nous ramener à des considérations plus terre-à-terre. Le jeu sul ponticello dans l' « Interlude » est ainsi des plus curieux : les notes sont d'une justesse douteuse, voire glissent comme on glisserait sur un savon …

Et comme il semble que Poulenc doive être comparé à Debussy, le programme se clôt avec Un joueur de flûte berce les ruines, qui se révèle être une bluette dont le titre ne masque pas la vacuité. C'est sans doute faire preuve d'un certain cynisme d'ailleurs que de faire voisiner cette pièce, même à distance, avec la fabuleuse et envoûtante Syrinx, donnée tour à tour seule et accompagnée du texte de Gabriel Mourey. Accompagnée, parce que la fantaisie du compositeur surpasse de loin les élans apprêtés du poète, bien que ce dernier soit défendu avec beaucoup d'enthousiasme par Florence Darel.

La transcription du Prélude à l'après-midi d'un faune enfin se joue de la gravité, et c'est sans doute le but des interprètes de ne pas trop appuyer, de faire évoluer le discours dans un paysage plus brumeux que de coutume ; c'est beau, c'est fin comme on devait s'y attendre, mais il est curieux de s'apercevoir que y déploie moins sa sonorité que dans le reste de l'enregistrement. C'est dommage, mais quelle musique tout de même !

Au final, on ne peut que recommander cet enregistrement par la grande tenue de ces interprétations, le programme n'étant quant à lui pas toujours très original ni très juste envers les compositeurs.

 

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