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Glamour à Saint-Pétersbourg

En termes de genre, ce DVD oscille entre le concert musical, le documentaire touristique et le défilé de mode. C'est en effet en personne, somptueusement coiffée, parée et bijoutée, qui promène son public d'un endroit à l'autre de la ville des tsars, débitant allègrement le texte appris par cœur pour la circonstance. Régal pour l'œil, évidemment, devant tant de merveilles architecturales, même si le texte très « grand public » n'est pas de la plus grande subtilité. Les lieux mêmes des trois concerts offerts par Fleming et Hvorostovsky sont un pur enchantement…

Sur le plan musical, les joies sont nombreuses elles aussi, même si les codes de l'exercice obligé que constitue le concert d'extraits d'opéra seraient sérieusement à revoir. L'artificialité inhérente au fait qu'un artiste en tenue de soirée incarne un personnage de chair et de sang se voit encore multipliée par deux quand il s'agit de duos, qu'il s'agisse d'ailleurs, indifféremment de rencontres entre père et fille (Simone Boccanegra), amant et amante (Eugène Onéguine), « tortionnaire » et victime (Trovatore). Que de mimiques figées, de sourires mièvres, de fausses étreintes, de regards en coin, de déplacements inutiles, etc. ! On n'ose imaginer ce que pourrait penser le néophyte devant un spectacle aussi stupide quand il est privé de la scène qui seule peut lui donner véritablement corps…

Vocalement, nos deux chanteurs sont évidemment sublimes de bout en bout, autant dans les mélodies au piano données dans le minuscule théâtre baroque du Palais Yusupov que dans les morceaux avec orchestre. Du programme Verdi, on retiendra surtout le duo entre Amélia et son père, chacune de nos deux vedettes rivalisant de legato crémeux et de pianissimi ineffables. Les vocalises de Léonore, qui devraient être mordantes, ne conviennent décidément pas aux langueurs de Fleming. On n'en dira pas tant de son « Casta diva », chanté à la lune du bout des lèvres… Autre sommet de ce DVD, une scène finale d'Eugène Onéguine à mettre dans les annales, autant pour la beauté vocale des deux interprètes que pour la maturité musicale dont l'un et l'autre savent faire preuve. Accompagnement sans reproche dirigé par .

Non, on ne devrait jamais se plaindre quand la mariée est trop belle !

 

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