- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Festivaliers ravis contre discophiles déçus

Des deux disques rétrospectifs du festival Spannungen 2010, celui consacré à la musique russe nous a positivement surpris. L'autre, autour de Bach et Beethoven, laisse plutôt l'auditeur sur sa faim. Il commence pourtant magnifiquement avec le Contrapunctus XI tiré de l'Art de la fugue. L'interprétation est d'une sidérante beauté plastique et montre que le quatuor formé par A. Weithaas, C. Tetzlaff, R. Roberts et T. Tetzlaff a tiré les leçons de l'articulation des musiciens baroques. La construction et l'équilibre y en outre sont parfaits, les instrumentistes respectant scrupuleusement l'égalité entre les voix.

La formation s'attaque ensuite à un (autre) monument : le Quatuor à cordes n°15 de . De très bonne facture, tout dans la prestation de l'ensemble est cohérent. Pourtant, jamais les musiciens ne nous emportent ni ne nous envoûtent complètement. Malgré des passages très réussis, on est tenté d'écrire que les résonances célestes font défaut à cette lecture de la « musique des sphères » (le troisième mouvement). Probablement l'écrasante concurrence et les nombreuses références que chacun a dans l'oreille jouent-elles en défaveur de cette version de concert sous les archets d'un ensemble non-permanent. Difficile en effet de parvenir à un résultat parfaitement abouti lorsque l'on se réunit uniquement le temps d'un festival là où des quatuors expérimentés trébuchent eux même régulièrement. Tout mélomane a un jour fait  l'expérience d'un magnifique concert qui, une fois réentendu au disque ou à la radio, ne produisait plus exactement le même enchantement. C'est probablement ce que ressentiront les membres du public de cette soirée très applaudie.

La Sonate pour violoncelle et piano n°1enregistrée le lendemain pâtit quant à elle de l'inexpérience et de l'immaturité musicale d'Aaron Pilsan, pianiste autrichien alors âgé de 15 ans. Armé d'un solide bagage technique, le jeune homme montre moins de qualités expressives que son excellent partenaire, Gustav Rivinius. Malgré de bonnes intentions, il manque d'imagination et est souvent prévisible là où la musique exige malice, exubérance et surprises. Malgré de belles promesses, le talent de Pilsan n'est pas encore arrivé à maturité et Beethoven lui va comme un costume trop grand. On l'aura compris, les deux pages du maître de Bonn enregistrées ici connaissent de nombreuses versions plus abouties.

(Visited 78 times, 1 visits today)