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Balanchine in Paris, leçons de savoir-faire sur pellicule

«  est le Mallarmé de la danse, l'alchimiste du verbe chorégraphique », estime . Une admiration qui l'a conduit à réaliser un documentaire qui traite de l'inspiration française du chorégraphe. Balanchine in Paris s'apparente à un scanner de la gestuelle balanchinienne, autour de la figure centrale de Ghislaine Thesmar, l'une des muses françaises du chorégraphe.

Au-delà de la beauté esthétique des séances, Balanchine in Paris est un film fondé sur l'idée de transmission : les « anciens » apprennent aux « jeunes » ce que leur avait transmis le Maître.

Le film nous permet d'appréhender la figure du chorégraphe. Les anecdotes se succèdent. Avec un leitmotiv : Balanchine vouait un culte à la figure féminine. On apprend que ses danseuses se faisaient belles pour assister à sa classe. Il choisissait lui-même les parfums de ses interprètes. « La compagnie était pareille à un harem, autour de la figure du gourou Balanchine », résume avec humour Ghislaine Thesmar. Il avait également pour habitude de retenir le danseur dans les coulisses au moment des saluts, afin que seule sa partenaire puisse être mise en lumière. Des excentricités d'autant plus compréhensibles si l'on considère que « Balanchine instaurait un dialogue d'amour avec ses interprètes ».

Les leçons se succèdent. On suit Myriam Ould Braham qui s'essaye à la difficile variation du Rossignol, coachée par Alicia Markova. Celle-ci avait quatorze ans lorsque Balanchine régla le ballet pour elle. Markova dissèque, corrige. Les développés de la première danseuse sont trop hauts à son goût. Elle réexplique ce que Balanchine lui expliqua cinquante ans plus tôt : le petit rossignol chante pour sauver l'Empereur. Markova se souvient : soudainement, la veille de la première, le Maître voulut que la variation soit dansée sur pointes. Elisabeth Platel est le trait d'union entre ces deux générations de danseuses. Puis c'est au tour de la délicieuse figure rieuse de Violette Verdy de distiller ses « petits trucs ». « Donne-moi encore un peu plus le sentiment de faire des claquettes avec tes chaussons de pointes », explique-t-elle à Monique Loudières. Et lorsque Lucia Lacarra et Cyril Pierre s'essayent à la Valse, elle juge que le cambré de la danseuse doit s'apparenter à « un début de pamoison calculé ». « Fais semblant d'être soumise ! », conseille-t-elle à la jeune femme.

« Balanchine élevait ses danseuses, les envoyait dans les hauteurs », conclut joliment Ghislaine Thesmar. Ce documentaire porte un regard plein d'intelligence et de sensibilité sur l'héritage balanchinien. On regrette cependant le manque d'images inédites, la plupart des séquences étant simplement extraites des documentaires antérieurs du réalisateur. Le menu du DVD, sans fioriture, permet une navigation aisée. Les couleurs s'avèrent par contre beaucoup trop vives et contrastées. La qualité du son permet de rendre un hommage fidèle aux partitions. Le documentaire bonus, Journal d'une chorégraphie, nous présente la genèse du ballet Petrouchka de John Neumeier, avec en guest star le danseur étoile Patrick Dupond.

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