En écoutant simplement les premières mesures du premier morceau de ce disque, tout le monde se posera la même question : comment se fait-il que son nom soit resté inconnu du public international pendant si longtemps ?
Révélé de nouveau au public mondial depuis quelques années seulement, il sort enfin un enregistrement, de plus pris au vif en public, qui apporte une excellente illustration de sa puissance et de sa poésie. Sa virtuosité sans faille est entièrement au service de la musique, elle est là pour s’exprimer. La clarté du discours, la fluidité rythmique, le rubato bien dosé, la légèreté pétillante… autant d’éléments qui nous permettent d’apprécier pleinement son jeu, pour lequel un seul mot revient constamment : surprenant.
Les Goyescas (sans l’Epilogue, qu’il a coutume de ne pas jouer) sont placées sous le signe d’une grande élégance; il interprète les subtiles progressions harmoniques de Granados de manière si fraiche qu’on dirait qu’il vient de découvrir une merveille cachée. Il goûte profondément les mouvements de ces notes qui se croisent, se superposent et se séparent. Avec les trois premiers morceaux des Bachianas Brasileiras n° 4, Prats nous montre une fois de plus sa musicalité pénétrante, tandis que la dernière pièce, Dança, est un bel exemple de son sens rythmique hors pair. Ce récital est complété par trois « bis » dans le prolongement de rythmes latins irrésistibles.