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Cyprien Katsaris n’impose pas sa vision de Mozart

Il est des intégrales dont on attend avec impatience chaque nouveau volume. Celle des concertos pour piano de Mozart entreprise par Piano 21, le label de , n'a quant à elle pas déchaîné les passions et comme les précédents, ce septième volet paraît dans une relative discrétion médiatique. Il faut avouer que l'on y trouve peu de choses propres à vraiment enthousiasmer et à faire chavirer le cœur des mozartiens.

Le programme réunit deux œuvres assez différentes, les Concertos n°27 et n°5, enregistrés en public en 1998. Accompagné par , dont la prestation honnête mais sans fulgurance de génie soutient adéquatement son jeu, Katsaris se montre plus à son avantage dans la pièce de jeunesse que dans la partition de maturité. Cette dernière pèche par une relative passivité de la part du pianiste qui semble parfois s'écouter jouer et perdre, çà et là, le fil de son discours. Le mouvement central peut sembler un rien plus inspiré mais l'ensemble manque d'idées originales voire d'intentions musicales claires. Pour leur défense, les artistes pourront invoquer la volonté de donner à cette page un côté plus chambriste qu'à l'accoutumée (ce sont les solistes du quatuor à cordes qui accompagnent le piano alors que l'ordinaire tutti se charge des introductions, ritournelles et autres épilogues). L'idée est défendable mais ne justifie pas de jeter aux oubliettes les versions de Schiff/Végh (Decca) ou Baremboïm (EMI) –pour ne piocher que dans les intégrales sur instruments modernes.

L'interprétation du Concerto n°5 rehausse un peu la valeur purement musicale de l'enregistrement. Katsaris y retrouve un peu de sa superbe et nous propose une lecture dans laquelle on décèle sans mal une pétillante élégance et une aisance technique remarquable (l'élasticité de la main droite dans l'Allegro final). En exergue, une cadence alternative pour chaque mouvement est proposée (de Mozart lui-même ou de Katsaris, selon les cas). Mise à part celle du troisième finale –offerte au public salzbourgeois lors du concert- les autres semblent avoir été gravées dans un autre endroit (ou dans la salle vide ?) et ne sont pas mises en valeur par la prise de son. Réalisé dans de telles conditions, le « bonus » n'était pas indispensable…

En complément, le Rondo pour piano et orchestre K. 382 est interprété avec panache, humour et légèreté. Une « cadence B » (de Mozart) est également proposée. Pour le reste, on l'aura compris, ce disque s'adresse en priorité aux fans de mais ne bouscule rien.

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