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Le Quatuor Ludwig et la mélancolie

Deux chefs-d'œuvre pour un programme placé sous le signe fascinant de la mélancolie. Pour le , La jeune fille et la Mort est apparemment une œuvre plus triste que désespérée. La recherche d'un mouvement fluide et d'une sonorité transparente conduit les musiciens à émousser les attaques et les accents, sinon les rythmes. Les quatre tempéraments s'accordent admirablement dans un registre assez limité. Les deux derniers mouvements s'accommodent particulièrement bien de ce ton, pourvu que l'on n'y cherche pas trop de noirceur. Dommage que la justesse d'ensemble soit souvent mise en danger, surtout du côté du premier violon et du violoncelle. Les variations du second mouvement y perdent une bonne partie de leur pouvoir.

L'interprétation du Quintette de Brahms laisse moins partagé. Le jeu percutant et clair de confère à la sonorité collective le tranchant qui lui manquait, sans pour autant la déséquilibrer. L'œuvre convient mieux que d'autres pièces de musique de chambre de Brahms à une lecture énergique et allante. Les deux derniers mouvements sont là encore les plus réussis, et il y a aussi de beaux passages à glaner dans les méandres du premier.

Le comédien lit, entre chaque mouvement, le fameux poème d'Edgar Poe, Le corbeau, dans la traduction de Mallarmé, ce qui donne à ce Quintette une tonalité spéciale. L'œuvre n'est pas tout entière placée sous le soleil noir, mais il y a certainement des transitions énigmatiques et des assombrissements qui s'apparentent à la mélancolie.

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