- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Salonen par la case Bartók

Pour son étape bruxelloise d'une tournée européenne, n'aura pas cherché à se confronter au Bartók « facile », mais il aura offert un programme plutôt rare dans les œuvres choisies et surtout dans son agencement.

En introduction, l'orchestre reste dans les coulisses et cède sa place au pianiste et à deux solistes de la phalange pour les Contrastes. Placée apéritif, cette pièce peine à s'imposer dans les vastes proportions du Palais des Beaux-Arts et l'entente entre les musiciens n'est pas optimale. dévoile sa science pianistique et son sens des couleurs dans cette musique, mais si le violoniste  se montre à son aise stylistiquement, il n'en va pas de même pour le clarinettiste , trop appliqué pour séduire et en retrait par rapport à ses compères.

Changement d'ambiances avec la suite tirée du Prince de bois. L'orchestre au grand complet explose sous la direction acérée de Salonen.  Expurgeant toute référence néoromantique dans le traitement de l'imposante masse orchestrale  (cordes en tutti et 4 harpes !), le chef fait de la suite du ballet une antichambre du Mandarin merveilleux. Les contrastes sont violents, saillants et éruptifs et les pupitres sont traités au scalpel. L'orchestre répond aux moindres sollicitations de son directeur musical, faisant preuve d'une homogénéité et d'une dynamique parfaites.

Les qualités de l'orchestre continuent de séduire dans une Suite de danses, rythmée, colorée et bigarrée sous une direction cursive et millimétrée. Les cuivres se montrent particulièrement enjoués tandis que les vents, techniquement irréprochables, peinent tout de même en termes de caractérisation sonore (défaut de l'orchestre anglais).

En apothéose du concert, Salonen est rejoint par son fidèle compère . Ensemble, ils affrontent le redoutable Concerto pour piano n°2 (dont ils ont enregistré chez Sony une très belle version dans le cadre d'une intégrale). Le premier mouvement permet au pianiste et au chef de chercher le bon équilibre (très délicat dans cette œuvre), mais dès l'adagio-presto-adagio central, la machine est en marche. L'entente entre les deux partenaires est idéale : la palette de couleurs s'élargit et les dynamiques sont dosées avec une science magistrale des effets. Le dernier mouvement, feu d'artifice de difficultés, passe dans accrocs et avec un parfaite  précision rythmique et musicale. Du très grand art !

On retient donc un très beau concert, devant un Palais des Beaux-Arts, bien garni en ces temps de succession d'affiches prestigieuses !

Crédit photographique :

(Visited 86 times, 1 visits today)