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Richard Strauss à rebours, par l’Orchestre National

Bizarrement, ce beau programme nous fait remonter dans la vie de  : avant l'accablement de 1945, il avait atteint avec le Chevalier à la rose, en 1911, le sommet d'une carrière lancée par des poèmes symphoniques, dont Till l'espiègle en 1885. Dans les Métamorphoses, les cordes de l'Orchestre National se montrent sous leur meilleur jour : une sonorité homogène et voilée, comme il convient à ce thrène pour l'Europe (ou tout au moins l'Allemagne) dévastée, des phrasés très soignés et une transparence des lignes que favorise la direction allante de . A la fin, le passage qui porte l'annotation « In memoriam » est traité avec une émouvante retenue, et le pathos des développements précédents y trouve une conclusion résignée. Une très bonne interprétation d'une grande œuvre, qui peut sembler uniforme au disque et qui demeure dans l'ombre d'autres chefs d'œuvre de Strauss.

La fin du Chevalier à la rose est arrangée pour le concert, et c'est dommage, parce qu'avant le trio « Hab' mir's gelobt », il y a déjà des passages bouleversants (notamment un premier trio), et qu'on est privé du « Ja, ja ». Mais la somptuosité de la partition fait effet, servie par trois jeunes chanteuses bien distribuées. laisse instrumentistes et voix s'écouter, tout en garantissant fluidité et progression.

Pour les facéties de Till l'espiègle, les musiciens rient, et c'est tant mieux. conduit avec cohérence et bonhomie, les timbres sont francs, à défaut d'être très raffinés, et tous les pupitres, à commencer par celui des cors, atteignent un niveau de précision très satisfaisant. Ajoutons pour terminer que l'affection dont les musiciens entourent leur directeur musical honoraire, que ce soit en jouant ou pendant les entrées et les saluts, est un spectacle toujours aussi sympathique.

Crédit photographique : © Mika Fotografie

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