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A la découverte de la musique baroque polonaise

La musique ancienne polonaise est peu ou pas connue. Peut-être parce qu'elle n'a pas eu la chance d'avoir un Schütz, un Byrd, un Charpentier ou un Monteverdi. Alors, parler de Zieleński et de sa musique, c'est faire et faire faire une découverte. On sait peu de choses sur . Né vers 1550, il a été organiste et maître de chapelle à la cour du Primat de Pologne, Wojciech Baranowski (lui-même chanteur), à Lowicz. Il pourrait avoir fait des études à Rome. De son œuvre, nous connaissons deux recueils, publiés à Venise en 1611 par Jacob Vincentius : Offertoria Totius Anni 1611 et Communiones Totius Anni 1611. Et, aussi un Magnificat à 3 chœurs et… 3 orgues. La destruction du palais du Primat par l'armée suédoise, au XVIIe siècle, nous a peut-être privés d'autres œuvres de ce compositeur…

Le quatre centième anniversaire de la publication de ces volumes a été saisi par et le label Dux pour enregistrer l'intégrale des 121 pièces connues de l'œuvre de Zieleński. Le volume 2 de l'Offertoria Totius Anni 1611 propose 17 « offertoires » pour 7 ou 8 voix, chantés par le et accompagnés à l'orgue. Disons tout de suite que l'interprétation est plus que classique, presque scolaire. Les voix sont bonnes mais l'accompagnement d'orgue est beaucoup trop discret. La direction est mécanique. Bref, on arrive à la fin du CD en s'ennuyant au fil des « offertoires ». Dommage pour le compositeur, non ?

Le volume 4 des Communiones Totius Anni 1611 offre 25 « communions » classées selon l'année liturgique. Le n'est plus seul : 4 solistes et deux organistes viennent agrémenter le programme. émerge du lot, heureusement. La basse Joel Frederiksen joue sur son timbre (superbe) mais n'est pas à l'aise dans les ornements. Il n'interprète pas. Il n'est que d'écouter les « alleluia » dans « In splendoribus », écrit pour la Nuit de la Nativité : pas vraiment jubilatoires… Dans la pièce suivante « Video cælos », le trombone peine à jouer… juste ! Bref, malgré une distribution plus étoffée, ce disque n'est guère plus enthousiasmant que l'autre volume.

a-t-il été à Venise ? Rien ne permet de le dire formellement. Mais le style polychoral vénitien et cette technique des cori spezzati sont des indices permettant d'envisager une telle hypothèse. On sait combien cette musique est dynamique, tonique et expressive, flamboyante souvent mais toujours attractive. Pourquoi ne pas avoir utilisé des cornets, des sacqueboutes, quelques cordes aussi, pour étoffer cette musique qui, en soi, est très belle ?

L'intérêt de cette série de disques est d'avoir fait connaître l'œuvre de Zieleński. Mais elle mérite vraiment d'autres interprètes, plus au fait de ce type de musique. Justement, en 1996, l'ensemble polonais Bornus Consort a sorti, sous le label Accord, un CD consacré à Zieleński. On y trouve, en particulier, ce Magnificat à 3 chœurs, emblématique et du style vénitien et de Zieleński dans une belle interprétation dont le aurait du s'inspirer.

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