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Une nouvelle Romantique de Bruckner par Haitink et le LSO

Cet enregistrement publié par le label LSO Live a été réalisé à Londres juste avant le concert parisien des mêmes interprètes que nous avions trouvé un peu « long fleuve tranquille » car  il nous avait semblé que la direction du chef privilégiait trop le respect de la lettre au détriment de l’animation interne.

Avec un chef qui ne nous a pas habitués à changer radicalement de vision sur un coup de tête et un orchestre aussi professionnel et fiable, on ne s’étonnera pas que l’enregistrement d’à peine deux jours antérieurs produise grosso modo le même effet.

Si nous avons trouvé cette version un peu tranquille, ce n’est ni à cause de son tempo qui en général est fort bien choisi et avance bien, ni à cause de la dynamique de l’orchestre, plutôt impressionnante. Comme souvent c’est à cause de petits détails, dont le principal est l’absence de variation ou de nuance imprimée aux passages réguliers que ce soit de courtes phrases ou notes répétées, ou des gammes ascendante ou descendantes. Quand ces moments spécifiques sont joués uniformément, on ne comprend plus pourquoi ils s’arrêtent, ils deviennent monotones et perdent en expressivité, n’ouvrent pas sur ce qui suit et la sensation de progression et de continuité s’amenuise. Haitink n’étant pas chef à pousser le texte mais plutôt à le poser le plus proprement possible, ce n’est donc pas une surprise de le voir procéder ainsi pour cette série de concerts, avec comme risque sous-jacent un soupçon de passivité.

Par rapport au concert à Pleyel, l’enregistrement londonien apporte un léger plus avec une bien meilleure performance du premier cor (on s’en souvient, franchement en délicatesse à Paris), perd un peu en intensité des couleurs des différents groupes d’instruments, mais est plus fortement pénalisé, sans doute pas la prise de son et l’acoustique du Barbican, dans les moments les plus tumultueux qui frisent ici plus d’une fois le capharnaüm, au point qu’on en perd complètement, même si momentanément, la ligne musicale. Même en écoute SACD comme d’habitude bien meilleure que la couche CD.

Si cette version n’est donc pas totalement exemplaire, on y trouve de très bons moments qui font que même si elle reste en deçà des toutes meilleures, elle tient son rang et mérite d’être connue, surtout pas les admirateurs du chef qui le trouveront ici à son meilleur, avec ses qualités et limites de toujours.

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