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Metz, intégrale des sonates de Beethoven par François-Frédéric Guy

Ce concert donné par dans le cadre de la petite salle de l'Arsenal aura marqué la neuvième étape d'un fort intéressant projet, l'enregistrement en « live » de l'intégrale des sonates pour piano de Beethoven pour la firme Zig-Zag territoires. C'est ainsi, pour l'antépénultième concert de la série, à ces trois monuments de la maturité du compositeur, les fameux opus 109, 110 et 111 plus généralement connus sous l'appellation des « trois dernières sonates », que s'est attaqué le grand pianiste français. Le prochain concert, prévu à l'Arsenal le 24 avril prochain, devra quant à lui proposer au public les trois premières sonates de Beethoven, les opus 1, 2 et 3, toutes trois dédiées à Haydn.

La réputation de beethovénien de n'est plus à faire, et sa familiarité avec ce répertoire saute aux yeux – et bien entendu aux oreilles… –, autant pour tout ce qui touche à l'extraordinaire maîtrise technique de l'instrument qu'à l'extrême liberté du style d'interprétation. En effet, entre les derniers soubresauts du classicisme et les élans les plus passionnés du romantisme triomphant, semble laisser libre cours à son instinct de musicien, n'hésitant pas à osciller selon l'intuition du moment entre chacune de ces deux esthétiques, évitant de trancher de façon définitive pour une approche particulière. La démarche, qui privilégie à tout moment l'instinct, l'émotion et la sensibilité de l'instant, s'inscrit donc à contrecourant des approches dites « baroqueuses », lesquelles visent essentiellement à retrouver la supposée authenticité d'un style d'interprétation. Ainsi, l'auditeur familier des lectures plus traditionnelles – autant celles allant vers la rigueur classique que celles qui privilégient plutôt les déferlements romantiques – risquera d'être heurté par certaines ruptures dans la fluidité de la ligne, par quelques rubatos peut-être un peu excessifs, par des ralentissements sans doute exagérément appuyés et en tout cas véritablement déroutants. Il n'en résulte pas moins, pour chacun de ces trois chefs d'œuvre absolus, une lecture extrêmement claire, cohérente et équilibrée, savamment dosée dans sa structure, et qui contribue à faire de chacune de ces trois sonates de la maturité une sorte de parcours spirituel, un voyage initiatique semé d'embuches et conduisant à terme vers la lumière et la connaissance.

Sans doute est-ce l'apanage des grands pianistes français – on pense à Yves Nat, évidemment, mais également à François-René Duchâble et à Alain Planès, autres beethovéniens dans l'âme – que de s'affranchir de la sorte des grandes traditions et de proposer une lecture résolument personnelle et atypique, peut-être dérangeante par endroits mais en tout cas éminemment aboutie et infiniment passionnante.

Crédit photographique : François-Frédéric Guy © Benjamin de Diesbach

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