Ce programme vocal consacré à trois cycles de lieder de Gustav Mahler, les Lieder eines fahrenden Gesellen, les Rückert Lieder et les Kindertoten Lieder, cycles essentiels pour approfondir l'œuvre du compositeur, nous laisse à vrai dire dubitatif.
Sachant combien l'avis posé sur une voix demeure très personnel et par là même ô combien subjectif, nous justifierons notre réticence sur trois points.
Premièrement, la voix mezzo-soprano de Hermine Haselböck possède ce vibrato léger mais présent qui nuit à la pureté des lignes vocales. A quoi bon en rajouter dans l'expression quand tout, absolument tout est déjà contenu dans le texte ? A moins que ce ne soit naturel. A bien des moments, on glisse dans le registre « grande cantatrice », ce qui est hors sujet puisque Mahler n'a jamais composé d'opéra et que ses lieder sont des exutoires à des sentiments intimes.
D'autre part, le timbre de la chanteuse n'a pas de rondeur, de chaleur. Vite, il devient métallique lorsqu'il entre en force dans les aigus, et son homogénéité est mise à mal dans les grandes tenues sur des valeurs longues qui grésillent sur certaines notes. Hermine Haselböck fait du chant presque indépendant du contenu des textes, parfois presque froid. Du chant pour le chant qu'on peut se permettre quand on a un organe exceptionnel, ce qui n'est pas le cas ici.
Enfin, la richesse de la partition de piano, en-soi autonome, n'est que peu mise en valeur par Russell Ryan qui reste assez neutre quant à l'expression du contenu.
En un mot, un enregistrement de première main qui ne peut convenir au mahlérien fanatique.