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Christian Rizzo, plasticien malgré lui

Créé à l'Opéra de Lille il y a quelques jours, « le bénéfice du doute » de fait escale à Paris, attirant dans son sillage la fine fleur des programmateurs, des danseurs et des chorégraphes curieux de suivre le parcours de ce créateur atypique et multi-talents. Ils ont raison, la pièce vaut le déplacement…

De la danse de émane une très grande douceur, où le toucher semble primer sur tous les autres sens. Portée par la présence intense de ses interprètes, cette écriture chorégraphique oscille entre abandon et tension, tendresse et violence, utilisant la technique du contact improvisation avec subtilité. Dans ce projet entièrement dansé, démontre sa compétence de chorégraphe, celle d'écrire pour des corps en mouvement avec puissance et précision.

Il ne renonce pas pour autant à la radicalité de l'objet scénique. Celle-ci se traduit d'abord par les lumières jaunes et vertes de Caty Olive projetées sur un sol blanc, mais aussi par les mannequins de chiffon suspendus dans les cintres en bouquet de fantômes (clin d'œil à sa toute première pièce, dans laquelle une simple robe tournoyait sous la brise d'un ventilateur). Enfin, elle prend toute son ampleur dans la proposition musicale austère de Robin Rimbaud – Scanner. Le tout forme une pièce d'une grande beauté formelle, d'une réelle qualité plastique, dont le fil ténu et la faible luminosité exige du spectateur une attention et une concentration de chaque instant.

Avec ce beau et difficile travail, Christian Rizzo devrait, on l'espère, pouvoir prétendre à des conditions de production plus confortables, alors qu'il vient d'achever sa résidence à l'Opéra de Lille, cédant la place à Daniel Linehan.

Crédit photographique : © Marc Domage

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