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L’opéra de Domenico Mazzocchi en première mondiale

À côté de formations établies (La Petite Bande, le Collegium Vocale Gent, le Ricercar Consort, le Chœur de Chambre de Namur et Les Agrémens, l'Ensemble Ausonia…), la Belgique possède un vivier d'ensembles de musique ancienne et baroque qui assurent la relève.

C'est le cas par exemple de l'Ensemble Clematis, de Vox Luminis ou de , qui nous intéresse ici. Malgré la jeunesse de l'ensemble et de son directeur musical, (né en 1985), ils publient leur quatrième disque, à nouveau une vraie rareté. Après Caccini, Sances et Fiocco, se penche en effet sur , grand frère de Virgilio, dont Jérôme Correas avait exhumé L'Egisto en 2010, coécrit avec Marco Marazzoli. De ce compositeur italien, on sait relativement peu de choses : une formation de juriste, ordonné prêtre en 1619, il fut au service, pas seulement en tant que compositeur, de figures importantes de la noblesse et de l'Eglise à Rome (le cardinal Ippolito Aldobrandini, le pape Urbain VIII…). Quelques interprètes ont gravé certaines de ses pièces (René Jacobs, Jérôme Correas, Jill Feldman…), La Catena d'Adone (La Chaîne d'Adonis) fut donnée en concert par Konrad Junghänel en 1999 mais l'enregistrement de et ses musiciens constitue une première mondiale. Créé le 12 février 1626, l'ouvrage est présenté dans la notice du disque comme le premier opéra romain de l'histoire de la musique. On se doit néanmoins de rappeler l'existence de quelques œuvres antérieures données à Rome et qui s'apparentent à de l'opéra telle la Rappresentatione di Anima, et di Corpo de Cavalieri (1600) ou L'Aretusa de Vitali (1620). Fable pastorale en un prologue et cinq actes, La Catena d'Adone repose sur un livret d'Ottavio Tronsarelli d'après l'œuvre du poète Giambattista Marino et relate les amours de Vénus et Adonis, contrariées par la magicienne Falsirena. Le style du recitar cantando (déclamation chantée) domine mais on trouve également quelques ariosos et des ensembles, notamment des chœurs (les nymphes et bergers) en fin de chaque acte.

a la particularité (comme Marco Horvat par exemple) d'être à la fois chanteur et instrumentiste (archiluth, harpe, clavecin…) et de pratiquer les deux simultanément. Outre le fait de diriger l'ensemble, d'être au centre du riche continuo, il tient de petits rôles dans l'œuvre. Malheureusement l'interprétation n'est pas à la hauteur du projet. Le plateau vocal réuni autour de lui manque de personnalités marquantes vocalement et stylistiquement. Les voix sont un peu vertes, on déplore des soucis de justesse, de mise en place, un chœur de solistes qui n'a pas la rondeur, l'homogénéité qu'on pourrait attendre. Une relative déception malgré l'intérêt certain de l'opéra dont on ne connaît que le titre, mentionné parfois dans les histoires de la musique.

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