Ce volume s'inscrit dans le cadre d'une intégrale de la musique pour piano de Maurice Ohana. On doit à un pianiste grec sur un label allemand une très réussie suite à un précédent volume déjà de haute volée. Friedemann Werzlau s'associe à Prodomos Symeonidis pour l'interprétation des deux dernières pièces concluant les Douze études d'interprétation.
Il existe peu de concurrence discographique à mettre en regard, mais l'introuvable cd paru en 1993 chez Harmonic Records avec Jean-Efflam Bavouzet nous donnera quelques repères.
Le pianiste grec possède un jeu serré sur les arpèges et les agrégats sonores, un travail sur la résonance et la vibration qui enrichit une pièce dépouillée et mystérieuse (n°3) de tensions et d'attentes sous-jacentes. Par contraste, les soubresauts du n°4 fait parfois douter de l'utilisation de la main gauche seule. La mise en valeur du relief de ces pages est fait pour n'embellir en rien le texte. Il est clair que Prodomos Symeonidis, en tant que spécialiste en musique contemporaine, connaît son affaire et se plaît à nous rendre le plus accessible possible cette musique, et retrouver son aspect parfois narratif et son ancrage dans des traditions multiculturelles – l'Espagne, l'Afrique, la France – toujours présentes. L'entente avec son percussionniste est évidemment parfaite.
Cet enregistrement vient garnir une production relativement discrète et clairsemée pour un musicien pourtant d'une importance non négligeable dans l'histoire de la musique mais qui a le « tort » d'être inclassable.