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Prokofiev en version semi-poche

Contrairement aux publications des éditions Papillon ou Bleu Nuit, la collection Actes Sud/Classica propose depuis 2004 d’énièmes petits livres sur des musiciens bien connus (parfois trop) qui, dès lors qu’ils ne proposent pas un regard neuf, un angle intéressant ou qu’ils ne prennent pas la forme d’essais esthétiques, peuvent apparaître comme des résumés (voire des ersatz) d’études plus documentées, illustrées et annotées (souvent publiées chez Fayard ou… Actes Sud !).

Absence d’exemples musicaux qui confine parfois l’analyse à un vague commentaire de dilettante, quantité négligeable de notes infrapaginales, bibliographie réduite à peau de chagrin et discographie à l’emporte-pièce rapidement expédiées par la rédaction de la « maison mère » (le magazine Classica) forment la substance de la plupart de ces bouquins vite consommés mais pas forcément bon marché.

Dans ces conditions, il est difficile pour Laetitia Le Guay de rivaliser avec la somme publiée par Michel Dorigné en 1994 (Fayard). Il ne faut pour autant pas jeter le bébé avec l’eau du bain car son étude n’est pas dénuée de qualités appréciables. L’intérêt principal du livre réside dans le traitement de la question du retour et de la vie de Prokofiev en URSS après 1932. Spécialiste du monde russe, Le Guay est également l’auteur de l’article « « L’histoire d’un homme véritable » : Prokofiev dans la tourmente de la « Jdanovchtchina » » paru dans l’ouvrage collectif L’œuvre vocale et dramatique de Prokofiev coordonné par Walter Zidaric (Editions Le Manuscrit). Elle est donc totalement légitime dans l’étude d’un climat politico-artistique dont elle esquisse les contours par d’habiles touches « impressionnistes ». Pour le reste, la structure de l’ouvrage reste assez classique (l’approche est chronologique, ce qui n’est pas le cas de tous les volumes de la collection) et contient peu de surprises. Les appréciations bien senties sur l’esthétique du maître (résumée à « lyrisme, classicisme, modernisme, motorisme »), les anecdotes bien placées (mais dont on ne peut s’empêcher de penser qu’elles empiètent sur l’espace imparti) et une plume agréable à suivre sont les principales vertus de cette introduction plutôt bien troussée. Pour autant, il nous semble difficile de placer ce petit livre au-dessus de la pile d’une bibliographie qui contient d’autres ouvrages bien plus exhaustifs (en français et/ou en anglais). Les mélomanes pressés y trouveront néanmoins leur compte.

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