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Musiques de guerre et d’exil avec Gergiev

Gergiev ose le couplage des extrêmes : la nostalgie romantique de Rachmaninov et le modernisme caréné et vombrissant de Stravinsky. Composées, lors de la seconde guerre mondiale, par deux compositeurs russes exilés aux USA, les Danses symphoniques et la Symphonie en trois mouvements répondent, de manière très différente, et même foncièrement opposées, à la thématique de la création en exil et de l’influence de la guerre.  Mais, en dépit des divergences sur la forme, ces ceux partitions sont de véritables concertos pour orchestre en parade. On attendait donc l’incandescent Gergiev,  à la tête de l’un des meilleurs orchestres du monde.

Mais le disque commence mal, très mal, avec des Danses symphoniques éteintes ! Sans idées, Gergiev semble gérer à la barre de mesure une lecture tête dans le guidon, qui ne décolle pas. Certes, les pupitres sont affutés, les solistes sont hautement compétents, mais il manque une flamme et surtout une logique à cette lecture atone. De plus, le LSO, phalange ultra-précise mais au son tranchant, ne possède pas le galbe des grands orchestres russes ou du Concertgebouw d’Amsterdam (disque exceptionnel de Vladimir Ashkenazy !). On se traine donc, tout au long de cette ennuyeuse  lecture, qui ne viendra pas bouleverser une discographie riche : Svetlanov (Warner), Jansons (EMI ou RCO) ou Petrenko (Liverpool), en plus de la lecture de chevet d’Ashkenazy (Decca).

Enregistrée au cours du même concert, la Symphonie en trois mouvements, est heureusement bien plus satisfaisante ! Gergiev s’est enfin réveillé, inspiré par les arrêtes tranchantes de ce monstre symphonique de compétition. Le LSO, avec sa virtuosité démonstrative  et ses dynamiques saillantes, évolue à domicile.  Les pupitres piaffent et râlent sous cette conduite qui favorise les contrastes de la masse orchestrale dans une optique très « magma en fusion ». Le résultat est assurément grandiose et hautement spectaculaire. Pour cette seule symphonie, on tient une belle lecture qui fait jeu égal avec celle de Tilson-Thomas (Sony) ou, dans un registre complètement différent, de celle de Boulez (DGG).

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