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Faust, sans dilemme !

Après la réédition des gravures de Christian Ferras récemment proposée par Audite revoici au disque le couplage inattendu des concertos pour violon et orchestre de Beethoven et Berg.

C'est sous l'archet d' –qui a déjà enregistré la partition du maître de Bonn avec Jíři Bělohlavek (Harmonia Mundi)- que l'on retrouve ces deux monuments si différents qu'ils vont finalement bien ensemble. Quelques mois après une magnifique gravure du concerto de Brahms –malheureusement ruinée par la direction de Daniel Harding- l'Allemande continue donc son exploration des piliers du répertoire concertant avec une réussite sans faille.

L'idée de réunir les deux pages vient de , que l'on sait excellent beethovénien mais aussi très grand interprète de la musique de Berg (son enregistrement de Wozzeck reste l'un des plus intenses qui soit et il ne manquait que cette pièce à ses légendaires gravures des principaux chefs-d'œuvre du maître chez DGG). Il règne, dans cette magnifique version du « requiem » à la mémoire de Manon Gropius, une impressionnante intensité dramatique et poétique ainsi qu'une sensualité morbide qui tire plutôt le tout vers Mahler (un autre cheval de bataille du chef) que vers un expressionnisme exacerbé. Entre couleurs magnifiques et subtils jeux d'ombres, l'ensemble est d'une absolue cohérence organique et l'orchestre à la hauteur des exigences d'un Abbado très inspiré. Sur la même longueur d'onde, la soliste impressionne de bout en bout, nous livrant une des versions les plus passionnante des dernières décennies.

Comme une issue « optimiste » à la tragédie qui vient de se jouer, le Concerto de Beethoven est un autre grand moment de bonheur musical. Plus mature encore que sous la direction du grand chef tchèque, Faust rayonne et explore des recoins presque insoupçonnés de cette page  enregistrée jusqu'à l'overdose et dont les références ne manquent pas. Du haut de son nuage, elle intercale une courte cadence avant le finale et semble pouvoir tout se permettre tant elle maîtrise son sujet. En parfaite communion, le chef oscille à bon escient entre autorité virile et tendre délicatesse. Tout cela respire le bonheur de faire de la musique ensemble et peut être classé au rayon des (très) grands disques -de la trempe de ceux qui passeront naturellement à la postérité. A choisir sans hésitation en ce qui concerne ce couplage, tout en conservant la version de Ferras à portée de main.

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