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La messe de Striggio ressuscitée pour la seconde fois

L'an dernier, l'ensemble anglais I Fagiolini de Robert Hollingworth nous avait gratifié du premier enregistrement mondial de la Messe à 40 parties d'. De son côté, d' avait donné, en concert au Festival de La Chaise-Dieu 2011, ce monument musical du XVIe siècle. Tout naturellement, voici le CD enregistré quelques jours plus tard.

De cette partition, seule une copie subsiste à la Bibliothèque Nationale de France. Elle a été retrouvée par Dominique Visse à la fin des années 1970. La partition est morcelée chœur par chœur. Striggio n'aurait pas écrit, sur un même document, l'ensemble des voix. Mais dans sa tête de génie de la musique, la mosaïque des 40 voix (et 60 dans l'Agnus Dei) se serait constituée au fur et à mesure de la composition de l'oeuvre. Extraordinaire, non ?

Pour le XXVe anniversaire de son ensemble, a choisi cette messe spectaculaire. Ce qui n'a pas été sans poser quelques problèmes ! Pratiques d'abord : la hauteur d'une partition comprenant autant de lignes rend celle-ci peu utilisable par les musiciens et chanteurs. L'enregistrement de toutes ces voix et des instruments (qui en doublent certaines) a obligé à certains choix pour rendre la spatialité de cette musique. Le recrutement des chanteurs, tant pour l'enregistrement du CD que pour les concerts, a nécessité 273 auditions ! Parce que, finalement, ce sont 40 solistes qui chantent sans pouvoir compter sur le voisin qui, lui, chante autre chose ! Bref, une (belle) aventure musicale…

Autre choix, celui du programme du disque. a choisi de reconstituer une messe, telle qu'elle aurait pu être donnée en la cathédrale Santa Maria del Fiore de Florence. A l'instar de ce qu'a fait, avec bonheur, Paul McCreesh et ses Gabrieli dans plusieurs programmes et CD, le disque débute par une procession dont on perçoit la progression dans l'église. Puis, sont intercalées des pièces de Benevoli et Corteccia entre les éléments de la messe proprement dite.

Le résultat est à la hauteur de l'ambition du projet. Musicalement, l'interprétation est belle : ductilité et sensibilité des chœurs, présence mesurée des instruments, direction à la fois précise et nuancée. Une réussite d'autant plus remarquable que rien n'était évident, ni dans la musique, ni dans la technique. Pour en juger, un DVD a été réalisé (à part) comprenant le making-off et un concert donné au Palais de la Découverte à Paris. Outre les commentaires d'Hervé Niquet, le musicologue apporte nombre d'informations très intéressantes sur cette Messe à 40 parties et son extraordinaire compositeur.

Pour goûter au plus près cet excellent travail, rien de mieux que d'aller écouter ce programme au concert. Mais les dates sont rares…

Alors, comme Hervé Niquet, vous direz, sans l'ombre d'une vulgarité : « Bon Dieu de Bon Dieu, que c'est beau !»

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