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Rossini : Une Petite Messe déjantée

Dans le cadre des représentations de La Muette de Portici d'Auber, l'Opéra Comique recevait la troupe berlinoise dans un spectacle mêlant théâtre, musique et danse à partir de La Petite Messe solennelle de Rossini. Œuvre tardive (« le dernier pêché de ma vieillesse » écrira Rossini) naviguant entre sacré et profane (opéra), la Petite Messe fut créée à Paris en 1864 dans la chapelle privée du Comte et de la Comtesse Pillet-Will avec douze chanteurs (chœur à deux par voix et quatre solistes), deux pianos et harmonium. C'est sous cette forme « chambriste » que proposaient la messe en associant la musique de Rossini à de la danse contemporaine, en particulier Yui Kawaguchi, dans un style oscillant entre arts martiaux et bouddhisme zen, mais aussi à du mime et du théâtre parlé (deux personnages – l'un s'exprimant en allemand, l'autre en anglais – devisant sur la question de la foi, du doute, du sens à donner à sa vie). Rossini étant connu pour son humour, , la conceptrice du spectacle, de la mise en scène adopte un registre résolument décalé, parfois absurde, qui tombe malheureusement à plusieurs reprises dans le grotesque. Cette dimension visuelle n'apporte pas toujours grand chose à l'œuvre de Rossini qui se suffit à elle-même, et les scénettes entre les mouvements ont tendance à provoquer des ruptures qui s'avèrent parfois problématiques (on pense en particulier à celle entre le poignant Crucifixus et le percutant Et resurrexit, dans le Credo). Il n'en demeure pas moins qu'on apprécie certaines trouvailles visuelles, tout comme le plateau vocal (un ensemble de solistes), et un bon accompagnement instrumental. Même si ce chœur n'a pas l'homogénéité, la souplesse d'un ensemble constitué, il révèle des individualités prometteuses, en particulier du côté des sopranos. Des quatre solistes, se distingue le timbre et le style de la mezzo-soprano Ulrike Mayer, et dans une moindre mesure la soprano Laura Mitchell. La direction de est vivante mais pourrait être plus subtile, plus attentive aux nuances (trop souvent dans le forte et fortissimo). Une expérience intéressante, témoignage de l'imagination et de l'audace de cette jeune compagnie , mais qui a visiblement refroidi plus d'un spectateur de l'Opéra Comique parti en cours de représentation.

Crédit photographique : Nico and the Navigators – La Petite Messe solennelle de Rossini © Falk Wenzel

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