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Etranges pièces de Schumann et de Liszt

Le Concerto de Schumann est une œuvre étrange, du moins pour ses contemporains : intitulé « Morceau de concert pour violoncelle avec accompagnement d'orchestre », le violoncelle est omniprésent, sans un véritable moment de répit, à travers les trois mouvements qui se jouent continument. L'unique cadence ne se trouve qu'au bout du troisième mouvement, juste avant la fin. Déjà, le choix du violoncelle pour un instrument soliste dans une œuvre concertante était quelque peu insolite, car c'est seulement dans les années 1870, avec Saint-Saëns et Tchaïkovski, ou encore Lalo, qu'on se familiarisera avec lui.

Quant aux pièces de Liszt présentes ici, ce sont toutes des transcriptions, faites par le compositeur, de morceaux pour piano (Elégies et La Lugubre gondole) et de mélodies (Romance oubliée et Die Zelle in Nonnenwerth). Elles ont été réalisées vers la fin de sa vie, soit en reprenant des pièces largement antérieures (les deux mélodies originales datent de 1841-1843), soit en même temps que la composition ou immédiatement après celle-ci (trois pièces écrites pour piano). Comme dit Rémy Stricker dans le livret, « ce serait pourtant erreur de ne considérer ces morceaux que comme de simples alternatives aux originaux, car Liszt n'a cessé de remanier ses partitions tout au long de sa vie ». En effet, ce sont des œuvres d'un musicien qui a beaucoup vécu, et qui tentait de se libérer de la tonalité traditionnelle sur laquelle se fondait la musique occidentale tout entière.

a fait le choix de réunir ces musiques « étranges » dans ce disque. Un programme difficile qui pourrait déboucher sur une certaine médiocrité, mais son talent nous propose une interprétation presque philosophique, sans aucune prétention. A travers une sonorité sobre – même dans des moments les plus virtuoses du Schumann – elle livre une vision profonde d'un monde qui avait plusieurs décennies d'avance sur son temps, non sans une subtilité infiniment délicate : appréciez ne seraient-ce que ces échos lointains pleins de nostalgie dans Die Zelle in Nonnenwerth, vous serez conquis(e) !

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