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40 bougies pour Kryštof Mařatka au Centre tchèque de Paris

Cette soirée d'anniversaire était organisée par l' qui a tissé des liens privilégiés avec le compositeur: une véritable histoire de famille pourrait-on dire, puisque sa directrice Karine Lethiec est, à la ville, Madame Mařatka. La famille, les racines et la mémoire étaient d'ailleurs au cœur du propos de cette soirée. C'est de l'âme tchèque, qui l'habite, dont voulait nous parler le compositeur avant de parler de lui.

Né à Prague où il vit jusqu'à l'âge de 22 ans, est issu d'une famille illustre de Bohème à laquelle il rendait ce soir un hommage fervent : en évoquant d'abord, avec la directrice du Musée Rodin Catherine Chevillot, son grand-père sculpteur Josef Mařatka (1874-1937), ami et collaborateur de Rodin qui l'invitera à travailler dans son atelier ; en nous parlant ensuite de son père, Zdenek Mařatka, éminent médecin et grand humaniste récemment disparu qu'il a filmé en cachette dans les dernières années de son existence ; nous avions en avant-première quelques images très attachantes du film De ta vie signé par le compositeur, dont Michel Lethiec annonçait de vive voix la première diffusion le 2 août 2012 dans le cadre du Festival de Prades.

Les moments musicaux cernaient cette fois avec beaucoup d'acuité la personnalité d'un musicien aux talents multiples: pianiste et comédien au talent fou, était au piano pour jouer son mélodrame Kouznetsov, une histoire cruelle et drôle à la fois sur des textes de Daniil Harns ; menant de front une carrière de chef d'orchestre et de compositeur, Mařatka pratique également l'improvisation, un geste à la source de son écriture, qu'il exerçait ce soir à l'écoute des textes de Jean-Gaspard Páleníček, poète, musicien et directeur adjoint du Centre tchèque. Après un extrait du célèbre Quintette en la majeur arrangé pour quintette à vent et piano d'Antonín Dvořk (dont son grand-père sculpte un buste célèbre), l' donnait trois Séances de son dernier quintette à vents Hypnózy ; le titre en tchèque fait référence aux séances d'hypnose que son père pratiquait: «  Il m'a fallu être plus que jamais à l'écoute de mes propres souvenirs, de mettre en scène mes origines tchèques[…]  » confie le compositeur. Accusant les contrastes d'atmosphère, les trois pièces sollicitent l'énergie du geste instrumental et génèrent un matériau aux arrêtes vives qui se renouvelle à mesure, de l'intensité des couleurs du début aux effusions de souffle traversant la deuxième Séance: autant d'états psychiques évoqués dont l', exemplaire, soulignait l'étrangeté avec une tension très communicative. avait choisi de finir la soirée par sa Csardas n°4 (danse populaire hongroise) pour alto, clarinette et piano: sorte de «  dédicace  » à sa Bohème natale à travers la musique populaire que ses transcriptions font revivre autrement.

Tout juste sortie de l'atelier, sa nouvelle partition Vábeni, rituel des fossiles préhistoriques de l'Homme pour chœur mixte et orchestre sera à l'affiche de l'Orchestre Philharmonique de Radio France le 10 mai 2013.

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