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Peter Petrov au Trésor de Liège

Dans le cadre des Concerts du Trésor de Liège donnés en la Cathédrale de Liège, nous avons vécu un moment de pur bonheur musical grâce à un admirable récital Chopin offert par le remarquable pianiste bulgare . Ce nom nous est maintenant bien familier, puisque ce brillant musicien nous avait déjà séduit lors d'un superbe concert donné avec l'Orchestre de Chambre Louis Poulet sous la direction d'André Poulet.

Toutefois, dans ce récital Chopin parfaitement équilibré quant au choix des œuvres, sa belle nature de musicien solo s'épanouit totalement au contact d'un compositeur qui lui convient idéalement, qu'il aime et dont il révèle harmonieusement les multiples facettes.

Né à Sofia en 1974, s'est montré fort précoce dans son parcours de musicien : premier récital à 8 ans ; premier lauréat au Concours International de piano en Bohême à 13 ans ; entrée au Conservatoire de Sofia à 18 ans, ensuite « Master classes » chez Detlef Kraus… Il accumule divers premiers prix, obtient en 1990 un prix spécial au Concours de piano Marguerite Long, et se perfectionne ensuite auprès de Juliette Longrée-Poumay, Dominique Merlet, Abdel Rahman El Bacha et Avi Schönfeld. Nanti d'un tel bagage, rien d'étonnant qu'il se soit produit avec les plus grands orchestres et les chefs les plus prestigieux (Alexander Dmitriev) et que Liszt ou Chopin n'aient plus de secret pour lui.

Le choix des œuvres de ce récital est très révélateur : l'essentiel est consacré à des Nocturnes dont on sait qu'ils sont par leur contenu intimement poétique – plus que tout autre page de Chopin – le miroir de la vie intérieure du compositeur polonais, de son univers le plus secret. De ces admirables poèmes musicaux, en a choisi trois pour son récital, et même un quatrième comme bis. Le Nocturne op. 9 n°1 en si bémol mineur (1832) alterne exaltation et tendresse, rêve et irréel ; le Nocturne op. 9 n°2 en mi bémol majeur (1832), peut-être le plus connu, est moins contrasté, plus sur le ton de la confidence avec son caractère impromptu ; à partir du Nocturne op. 48 n°1 en do mineur (1841), c'est le journal intime de Chopin qui nous est confié, avec une virtuosité tout intérieure dont l'épisode central est proche d'un choral ; enfin, en bis, le Nocturne op. posthume en do dièse mineur (1827) nous montre déjà un Chopin s'affranchissant du modèle plus superficiel, plus décoratif, instauré par John Field.

Viennent ensuite les Valses : n°5 « Grande Valse » op. 42 en la bémol majeur (1940) et n°14 op. posthume en mi mineur (1829), la première assez schumannienne, la seconde plus tourmentée. Avec le Scherzo n°2 op. 31 en si bémol mineur (1837) et la Sonate pour piano n°3 op. 58 en si mineur (1844), Chopin montre sa volonté d'écrire sous des schémas plus structurés, du moins dans l'esprit sinon dans la forme. Bien que toutes deux soient d'une redoutable virtuosité, Peter Petrov a tenu à conclure sa prestation par ces pages qui exploitent au mieux les possibilités techniques du piano, sans pour autant renier leur contenu poétique (admirable Largo de la Sonate n°3 !)
Tout au long de ce magnifique récital, Peter Petrov a toujours su trouver le ton juste dans une totale pureté de jeu, d'une éloquence sans emphase, d'une sensibilité virile et subtile, qui ont libéré tous les prolongements poétiques de ces pages admirables. Ce superbe soliste a reçu du public une ovation bien méritée, par des applaudissements des plus chaleureux.

Ce concert était donné grâce au soutien de Madame Emmy Ralet, du laboratoire d'analyses médicales Docteur Philippe Ralet à Fléron, de la Maison Michaël Grailet, de la Province de Liège et de son Service Culture, ainsi que de la banque Belfius.

Crédit photographique : © Peter Petrov

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