Le solo est toujours un exercice intime auquel les chorégraphes aiment à se confronter, pour des raisons économiques, bien sûr, mais aussi comme un exutoire et un laboratoire de recherche individuel.
Lien privilégié de l'expérimentation, il doit parvenir à créer un univers, à raconter une histoire ou des aspirations, avec des moyens limités – créer des personnages, suggérer un parcours personnel, dans forcément s'encombre d'une écriture chorégraphique formelle. C'est le pari que relèvent Iris Erez et Janet Novas dans ces deux solos présentés à Bagnolet.
Cheveux courts coiffés à la Jeanne d'Arc, la jeune interprète israélienne choisie par Iris Erez pour Temporary dégage une énergie et une présence intense. Dissimulée sous un monceau de vêtements, elle se débarrasse peu à peu de ses oripeaux pour entamer une mue teintée de masculinité. Sans cesse tirée vers l'avant, en déséquilibre permanent, elle suit obstinément la direction où la mène ses mouvements. Culotté !
Sacré tempérament aussi que la chorégraphe et danseuse espagnole Janet Novas, figure explosive qui pousse son corps, sa voix et ses sens dans une forme de mise à nu. Pour son solo Cara Pintada, elle choisit de superposer des images fortes dans des scènes jouées et dansées, y insufflant une véritable puissance poétique.
Crédit photographique : Temporary, chorégraphie Iris Erez. Photo © Bart Grietens