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Le répertoire enchanté de Philippe Decouflé

Pour ses trente ans de chorégraphie, replonge dans ses souvenirs et ouvre l'album photos.

Au spectacle Panorama, qui revisite des extraits de certaines pièces emblématiques de la compagnie DCA, s'ajoute en effet une spectaculaire exposition, Opticon, qui occupe l'intégralité de la Grande Halle de La Villette : costumes du spectacle d'ouverture des Jeux Olympiques d'hiver d'Albertville en 1992, maquettes de décors, photos de répétitions, notes de chorégraphie, mais aussi un kaleïdoscope géant et des attractions diverses, de quoi largement amuser parents et enfants autour des illusions d'optique et de l'univers fantaisiste et décalé du chorégraphe. Un nouvel avatar de la sympathique vague mémorielle qui frappe la danse contemporaine française cette saison ! Après les recréations de Jean-Claude Gallotta ou Catherine Diverrès, les expositions consacrées à Régine Chopinot et bientôt Montalvo-Hervieu, ce goût de la rétrospective marque à la fois la formidable créativité de la génération des chorégraphes éclose dans les années 80 et, en creux, la faiblesse des propositions des générations qui leur ont succédé.

Revenons cependant à Panorama… Après une tonitruante parade de majorettes, il nous propose de plonger dans les années 80 avec des œuvres de jeunesse de Decouflé, Jump (1981) et Terrain Vague (1983) primé au Concours de Bagnolet, lieu d'éclosion de toute la danse contemporaine des eighties. Les sept nouveaux interprètes de ce spectacle qui retrace trois décennies de création ne sont pas encore trentenaires, mais s'approprient avec aisance les extraits de pièces réunies dans ce medley, de Petits Pièces Montées à Codex, en passant par Sombrero, en passant par Triton ou Shazam ! Le tout présenté par un Mr Loyal moustachu, très proche du Philippe II d'Espagne portraituré par Le Greco exposé au Louvre, qui reprend avec panache les rôles de , devenu entretemps président de la présipauté de Groland.

Formé par Alwin Nikolaïs au Centre national de danse contemporaine d'Angers, entre autres, se revendique aussi de Méliès ou de Buster Keaton et des expériences époque Bauhaus du Ballet Triadique. Digne héritier de ces magiciens de la scène et de l'écran, il fut l'un des premiers chorégraphes à utiliser les filins pour des ballets aériens, à faire danser aussi les mains, à utiliser ombres chinoises et illusions d'optique dans ses spectacles. Au fil des pièces qu'il reprend ici, on trouve à travers la musique des traces des époques traversées, et des gimmicks répétés : le goût pour la symétrie, le noir et blanc, les découpages, les encadrements. Avec cette nouvelle troupe moins stylisée et moins contrastée que les fortes personnalités des distributions d'origine, mais tout aussi énergique, propose à un public plus jeune une porte d'entrée réussie dans son travail.

Crédit photographique : © Christian Berthelot

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