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Chaleureuses Nuits Baroques au Palais de Béhague

Le Palais de Béhague est un endroit rêvé pour entendre des concerts baroques. Demeure actuelle de l'Ambassade de Roumanie et de l'Institut culturel Roumain il fut construit à la fin du XIXe siècle, dans le style du XVIIIe siècle français. La fantaisie exotique de son théâtre, la Salle Byzantine, au volume cubique, bordé de colonnes et de loggias, en fait une salle pleine de charmes et de chaleur, prête à faire résonner entre ses murs la splendeur d'une sonate de Vivaldi ou la suavité d'un aria d'Haendel. Le rêve se réalise grâce au Festival Nuits Baroques, qui, pour sa deuxième édition, nous propose en ces lieux un programme de récitals dédié aux voix féminines, et plus particulièrement aux chanteuses roumaines.

Enchanteresse de ces lieux chargés d'histoire, , avec l'Ensemble Pulcinella, nous ont offert une soirée d'exception. La soprano colorature, formée au Conservatoire de Cluj, a fait ses débuts à l'Opéra de Bucarest, et est membre permanente du Staatsoper de Vienne depuis 2007. Au disque, on a pu la découvrir pour son premier enregistrement Arias for , sous la direction de .

En guise d'ouverture de ce récital, c'est la Suite pour cordes de Don Quichotte, jouée avec enthousiasme et dynamisme par l'Ensemble Pulchinella, laissant jaillir l'humour et le sens de la narration de Telemann, dans une grande cohésion de jeu : le plaisir de jouer ensemble est visible et communique d'emblée une certaine jubilation.
Puis vient , que l'on entend en première partie dans deux cantates de Telemann – La cantate der Weiberorden et der Melancholicus : qui permettent de déployer toutes les facettes de son talent. Sa voix, délicate, souple, aux aigus cristallins, tout en gardant de l'amplitude dans les registres plus graves, est d'une grande noblesse.

Mais plus encore que tout cela, c'est la profondeur des émotions, l'épaisseur des personnages incarnés, en somme sa capacité à jouer, à passer en l'espace d'un instant dans les émotions les plus extrêmes, qui la démarque de ses collègues : la fureur du motet de Vivaldi, la fragilité, la vulnérabilité dans le « Bin ich denn so gar verlassen », les passages truculents de la cantate der Weiberorden, tout était restitué avec justesse, sans pour autant tomber dans un pathos ou la vulgarité.

Sa diction impeccable, dans les récitatifs notamment, permettait aux germanistes de la suivre sans avoir besoin de texte !

L'Ensemble Pulchinella, autour de la violoncelliste n'était pas en reste, dans une Follia de Vivaldi charpentée, toute en reliefs, tout en emportant l'auditeur dans un tourbillon implacable –mention toute spéciale au premier violon . Magnifique également la Sonate pour violoncelle, nous offrant un très beau moment, virtuose et concertant. Longue vie au Festival Nuits Baroques!

Crédits photos : © Yunus Durukan

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