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Des sonates de Brahms bien de notre époque

La nouvelle génération d'artistes à fort à faire avec leurs prédécesseurs. Car la concurrence est très rude dans les grands classiques de la musique du même nom. Presque souvent, comme à chaque fois pourrait-on quasiment avancer, l'attachement des nouveaux musiciens à la partition, auscultée à la loupe, reflète d'une démarche presque naturelle, issue d'une pédagogie prônant le retour au texte et sa fidélité absolue. Seulement voilà, dans un contexte saturé de versions, si tout le monde en revient au même principe, qu'aura-t-on à en attendre si ce n'est une homogénéité standardisante où seules se distingueront les qualités propres de l'instrument. On tombe dans un effet d'attendus, où la technique est reine et absolue, sans autre couronne à poser sur la tête.

Car nos anciens maîtres avaient eux aussi la technique, mais un vécu et une audace qui semblent aujourd'hui réservés aux plus marginaux d'entre ces jeunes artistes. Le Brahms de et Laura Buruiana appartient sans nul doute à cette catégorie. Un Brahms serein et rassurant, sans agitation, presque pantouflard. Installé dans un tempo calme et imperturbable, la phrase musicale est longue, d'une seule haleine (premières mesures de la sonate n°1), le dialogue avec le piano n'engendre pas de conflit, tout est statutaire et gentil. Parfois, la sonorité obtenue sonne étrangement, comme ces bouchons de champagne en guise de pizzicatos à l'entrée du second mouvement de l'opus 99. Du moins, les interprètes évitent la tentation symphonique, si dommageable dans cette musique. Mais le violoncelle reste uniforme, tend par moments à se confondre dans les graves avec le piano. Aucune verdeur, aucune sécheresse, tout cela est bien trop lisse.

Un Brahms en chaussons, bien assis devant sa cheminée à contempler de douces collines, un cigare entre les dents.

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