Après une Symphonie n°2 de référence dirigée par Kirill Kondrashin avec l'Orchestre Philharmonique de Moscou, le label Hänssler poursuit l'exploration des œuvres clés de Boris Tchaïkovski avec les mêmes interprètes, cette fois à partir de bandes officielles de Melodiya.
Pièce de résistance de ce disque, le Concerto pour violon et orchestre était considéré par le compositeur comme son œuvre préférée, en ce qu'elle se différenciait radicalement des autres, et en ce qu'il a tenté d'y représenter la vie de son père très aimé, qu'il perdit alors qu'il avait 15 ans. L'interprétation est assurée par son ami Viktor Pikaizen, qui se vit dédier la Sonate en 1959 puis ce Concerto d'ampleur de 1969. Né à Kiev en 1933, Viktor Pikaizen remporta les plus prestigieux concours dont les Reine Elisabeth en 1955, Long-Thibaud en 1957 et Tchaïkovski en 1958.
Long de près de quarante minutes, en un seul mouvement, le Concerto est tendu et concentré comme les concertos de Chostakovitch à la même période. D'une approche austère de prime abord, il révèle à la réécoute des moments de lyrisme et de détente, et surtout il ne perd jamais de sa hauteur de vue. La Sonate apporte une conclusion plus aimable, mais l'essentiel est ce Concerto. Northern Flowers en a édité un intéressant enregistrement de concert de 1994 avec Pikaizen, dirigé par Edward Serov avec l'orchestre danois d'Odense, mais il se situe techniquement en deçà sur le plan instrumental et de la qualité sonore, la version Pikaizen/Kondrashin étant la référence. On ressort de ce Concerto impressionné et comme grandi.