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Duel amoureux pour Nathalie Stutzmann

Artistes en résidence à l'Arsenal de Metz, et son ensemble parviennent à chacune de leurs apparitions à renouveler le concept de leurs prestations. Après le concert réunissant la contralto française avec le contreténor David Hansen, c'est à un programme conçu autour de duos avec une soprano, la Suédoise , qu'était convié ce soir le public messin. Intitulé « Il duello amoroso » – sous-titre de la cantate HWV82 « Amarilli vezzosa » – le programme du concert se présente comme une compilation d'airs et de duos, tous de Haendel, organisés de manière à composer une trame dramatique en trois actes rappelant d'assez près le schéma classique du théâtre aristotélicien – nœud, complication, dénouement – et renouant avec la tradition baroque du pasticcio. De manière à donner vie et forme à cette succession de morceaux détachés non conçus initialement pour former un ensemble dramatique cohérent, les deux solistes évoluent parmi les instrumentistes, mimant et suggérant tour à tour les diverses étapes de la passion amoureuse : scènes de séduction, jalousies, crises, larmes, réconciliation. Le tout est bien évidemment prétexte à faire entendre certaines des plus pages du compositeur saxon naturalisé anglais, habilement soudées entre elles par des pièces instrumentales intelligemment choisies.

En petite forme lors de la première partie du concert, la soprano a fini par tirer son épingle du jeu après l'entracte, grâce notamment à un très émouvant « Credete al mio dolore » tiré d'Alcina. Auparavant, l'air de Radamisto « Barbaro partiro » avait fait entendre des aigus stridents et difficiles, et du coup une ligne vocale quelque peu heurtée.

Très à l'aise dans la tessiture grave des grands airs de castrat haendéliens, privilégie l'expression sur le brillant, offrant un très pudique « Scherza infida » d'Ariodante, un déchirant « Stille amare » de Tolomeo et une sobre et troublante scène de la folie d'Orlando. La voix, comme à l'accoutumée, manque parfois de volume dans les notes les plus basses de l'instrument, mais le haut médium, au vibrato moins prononcé, reste de toute beauté. C'est évidemment dans les duos que les deux artistes s'en sont donné à cœur joie, mariant les sonorités de leur timbre dans un érotisme parfois presque excessivement appuyé.

L'osmose avec l'orchestre semble totale, les instrumentistes d' jouant d'année en année avec davantage de souplesse et de tension dramatique contenue. Le chœur final de Giulio Cesare, redonné en bis, aura permis au public de chanter les louanges de cette association artistique qui permet de créer un contact soutenu avec des interprètes qui savent, par l'intelligence de leurs choix de programmes, renouveler leur approche tout en continuant leur exploration de répertoires dont on ne saurait se lasser.

Crédit photographique : © Simon Fowler

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