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Debussy, musique de chambre mais avec vents

Un programme entier consacré à la musique de chambre avec vents d'un compositeur qui a relativement peu écrit pour ces instruments, quelle gageure ! C'est pourtant le pari relevé par les artistes du label Indésens, à grand renfort de transcriptions et d'arrangements en tous genres.

On isolera de ce corpus la transcription pour flûte et piano du Prélude à l'après midi d'un Faune de , bien connue des mélomanes, qui rend compte de façon satisfaisante de l'original, le chatoiement des timbres orchestraux en moins. Les interprètes sont loin de démériter, et l'on suit avec un plaisir certain et , dans leur vision très ciselée et intimiste, très « pastel » en somme, de ce chef-d'œuvre.

Pour le reste, le constat est mitigé. L'arrangement de Fêtes pour trompette et piano souffre de l'effacement complet du piano de , visiblement gêné par l'équation vélocité – douceur de la nuance, cependant qu'Eric Aubier accuse au contraire une certaine lourdeur dans le jeu. Sa prestation est beaucoup plus fine dans Syrinx, pas inintéressant, mais qui ne résiste pas à la cruelle comparaison avec l'original à la flûte, joué quelques plages plus loin. La Sonate pour violoncelle et harpe ne jure quant à elle en rien, sans qu'on puisse vraiment dire ce qu'elle apporte de plus à l'oeuvre.

Parmi les pièces originales maintenant, les deux Rhapsodies sont très élégamment rendues, avec une mention spéciale pour l'interprétation de , dont le jeu est d'une subtilité proprement jouissive : voilà un musicien qui sait utilement déployer toute une palette de sonorités pour mettre en relief les duplications, typiques chez Debussy, à tel point qu'on a parfois l'impression d'entendre deux clarinettes se répondre ! La Sonate pour flûte, alto et harpe est elle aussi une réussite, même si l'on reste dubitatif à l'écoute de la harpe au début du final, très guitaristique, pour ne pas dire bruitiste – un hiatus ?

Les Danses sacrée et profane concluent curieusement l'enregistrement en rompant l'unité du programme, mais c'est tant mieux, parce que c'est une belle oeuvre, et très réussie.

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