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San Francisco : Nixon in China consternant

Un noir tarmac plombé par un épais brouillard sur lequel, impatients, crispés, dansottent quelques officiels en attente. Aéroport de Pékin. Puis Nixon.

Tout ceci plus imposant encore qu' il y a 25 ans (Houston, 1987, de Waart, Sellars, en création mondiale)…. même si ce soir une certaine désinvolture des personnages (deux ou trois sourient !), leurs uniformes (on y entr'aperçoit quelques couleurs !), le cafouillage indescriptible du rituel d'accueil, augurent bien mal une Chine maoïste. L' impressionnant festin (Houston, Los Angeles) dans le Great Hall of the People n'évoque ici qu' une bien médiocre dînette qui d'ailleurs se terminera en… beuveries et chachacha. Vision simpliste, réductrice, qui dénature et falsifie l' oeuvre pour en faire une parodie, un pastiche que n'aurait pas renié Offenbach.

Même souci de la part de de déprécier, déconsidérer, voire dégrader ses personnages… Le Mao de Simon O'Neill n'est qu'un pantin désarticulé, une marionnette, un Frankenstein rabougri, décati. Madame Mao brandit, elle aussi caricaturale et vaudevillesque, de bout en bout, son petit livre rouge… avec fierté, sectarisme et délire et sermonne à qui mieux mieux.. Seul Chou En-lai (l'excellent ) reste ici crédible (posé, réfléchi, sincère… comme le fut ce grand bourgeois de la Révolution chinoise). Le Nixon de , plaisantin, farceur, déconcerte et ne convainc guère, tout comme le Kissinger de , vulgaire, malotru, goujat. Consternant !!

, plus vraie que vraie (effacée, discrète, soumise) déjoue ces mille pièges grossiers de notre metteur-en-scène et s'impose. Les trois secrétaires de Mao (Ginger Costa-Jackson, Buffy Baggott, Nicole Birkland) manquent, elles, de rigueur maoïste. Et que dire dans tout cela des voix (mal) amplifiées de tous ces personnages engoncés et contraints ? Rien …sinon… qu'elles bazardent vite ces maudits microphones !!! (Mais tout ceci participerait de l'esthétique d'Adams … alors ! … et elles étaient amplifiées à Houston…).

Le chœur, excellent, surprend. dirige avec amour une musique qu'il apprécie.

En conclusion, une production provinciale et ringarde, décevante, du chef d'oeuvre de .

Crédit photographique : (Chou En-lai) © Cory Weaver

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